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Cavac
Bien à notre place et pragmatiques face aux marchés

Semaines rouges pour les sociétaires et les administrateurs de la Cavac qui viennent de se réunir en assemblées de groupement puis en assemblées de secteur. Le point avec Jérôme Calleau, président de la coopérative.

Jérôme Calleau, président de la Cavac.
Jérôme Calleau, président de la Cavac.
© DR

Comment va la Cavac ?


La Cavac est à l’image de ses sociétaires. Elle tousse même si quelques productions tirent leur épingle du jeu. Les volumes traités sont en retrait, tout comme le résultat : 2,6 millions d’euros pour l’exercice 2009-2010 contre 4,5 pour l’exercice précédent.On vient de se réunir les assemblées de groupements de producteurs et les assemblées de secteurs. On perçoit bien que cette morosité pèse sur nos sociétaires même si l’an passé, par rapport à la même période, on sent un apaisement avec le lait. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’on ne peut pas isoler une production par rapport aux autres. Chez nous, on peut très bien être à la fois producteur de lapins ou de porcs et en même temps producteur de lait, de viande et de céréales.



Quels sont les enseignements que vous en retirez ?


Nous avons des débats de fond et je sens qu’il y a une maturité qui vient chez nos sociétaires. Des céréaliers nous disent par exemple que ce qu’ils craignent le plus c’est la volatilité des cours.  Ils seraient prêts aujourd’hui à contractualiser à un prix moyen plutôt qu’aller chercher toujours plus haut. Parce qu’ils savent que lorsque ça monte très haut, ça peut aussi descendre très bas et ils se rappellent que descendre à 110 € le quintal de blé ce n’est pas possible. Et puis regardez ce qui s’est passé chez nous avec le blé dur. Il est monté à 500 €. Très bien mais du coup, on a perdu notre marché de proximité et maintenant il faut tabler sur l’export pour le commercialiser. J’observe aussi que des producteurs de porcs jalousent aujourd’hui le système avicole… Cet exercice nous enseigne aussi que les exploitations qui passent le mieux la crise sont les systèmes polyvalents assis sur des surfaces céréalières. Il nous confirme encore que l’écart se creuse entre ceux qui sont débiteurs et les créditeurs. Et, c’est encore plus vrai en productions animales, c’est la technicité des éleveurs qui fait la différence. Lorsqu’un éleveur est bon dans son métier de base, le reste suit, il est très souvent également un bon gestionnaire. Alors ce que peut la Cavac là-dedans c’est les aider au niveau conseil, formation, comparaison entre eux, aide à la décision… Le problème c’est que ceux qui participent le plus à nos journées techniques sont aussi les plus performants. 



Que retenez-vous du conflit qui vient d’opposer les producteurs de viande bovine aux abatteurs et à Bigard notamment ?


Je peux comprendre qu’il y ait des points à faire évoluer, comme le classement des carcasses par exemple, et qu’il faille trouver des moyens d’expression pour se faire entendre. Mais faire du barouf, c’est une chose. Paralyser nos propres outils c’en est une autre. Il ne faudrait pas se tromper de cible et ne pas perdre de vue que les abattoirs sont le prolongement de nos exploitations. Et puis en viande bovine il faut balayer devant notre propre porte. Nous sommes encore trop en « flux poussé ». Nous n’orientons pas assez nos produits en fonction du marché. On fait des vaches bien lourdes pour faire des gros chiffres et on est content. Mais il faudrait peut-être se préoccuper de ce dont le marché a besoin. Il existe deux facteurs de progrès pour nous aider à aller dans ce sens : la génétique d’abord et les contrats de filière ensuite. Et là encore dans nos récentes discussions, j’ai senti que la réflexion avance.



A propos de balayer devant sa porte qu’est-ce que fait la coopérative ?


C’est vrai qu’il y a des marges de progrès partout. Y compris chez nous. Par exemple à notre niveau nous nous sommes regroupés en Union de coopératives de l’Ouest (Cavac, CEA Loulay, Eolys, groupe Unicopa, Even et Terrena) pour créer Catelys, une centrale d’achat d’agrofournitures. Cette union nous permet de peser sur les prix d’achat et nos sociétaires ont déjà pu en profiter en matière de produits phytosanitaires et de semences.On travaille aussi à se regrouper pour la commercialisation. Mais là, le gouvernement nous met des bâtons dans les roues. D’un côté il nous dit : « Restructurez-vous » et de l’autre, il nous accuse de « situation de monopole » comme on l’a vu avec Bigard-Socopa parce qu’il commercialise 40 % de la viande bovine en France. Et bien je peux vous dire qu’on ne pèse pas lourd au niveau européen et rien au niveau mondial. Il faudrait qu’il sache ce qu’il veut.



Quelle serait la bonne taille pour une coopérative ?


Je pense que la Cavac est à la bonne taille pour rester au contact de ses sociétaires. Ce qui ne l’empêche pas – on vient de le dire – d’avoir des relais nationaux. A la condition de rester compétitifs sur nos productions amont, on peut vivre à l’ombre de grands leaders nationaux et nous rendre indispensables.Cela dit, j’observe que des réflexions se construisent au pied du mur comme c’est le cas en lait…


La Cavac a pris des tournants ces dernières années comme la production et le traitement de matériaux d’origine végétale pour l’isolation des bâtiments. Allez-vous en annoncer de nouveaux ?


Oui, nous allons nous affirmer plus nettement en production biologique et notamment en légumes bio. Le bio nous ouvre des débouchés. Pour cela nous élargissons le cercle des producteurs. Je vous fais remarquer que rien qu’autour de la table du conseil d’administration, il y a quatre agriculteurs bio.Et puis je sais que c’est une tarte à la crème mais nous croyons dans le développement durable avec ses trois finalités : agronomique, écologique et économique et nous allons nous employer à le promouvoir. Mais tout en restant très pragmatique. Nous allons faire un bilan carbone de la coopérative et nous donner des objectifs sur les transports et les séchoirs. Quand un meunier nous demande combien il y a de CO2 dans la tonne de blé qu’on veut lui vendre, il faut qu’on puisse lui répondre. Et emporter le marché.

Maîtriser son environnement commercial

L’assemblée generale de la section Deux-Sèvres s’est déroulée mardi 7 décembre. Quatre-vingts adhérents étaient à Breuil-Chaussée pour échanger autour des projets de la coopérative. Attentes et réflexions  ont ponctué les échanges de cette soirée de travail. « Bien entendu, nous nous sommes arrêtés sur des problématiques de crise », retrace Jean-Louis Maury, vice-président de la Cavac. L’augmentation du prix de l’aliment est l’une des actuelles préoccupations. « Pour protéger un maximum nos adhérents des effets négatifs de la volatilité, nous anticipons en nous couvrant au mieux sur les marchés. La polyvalence de la coopérative est sur ce plan un atout. » Autre point important dans les échanges, la stratégie d’investissement dans les entreprises de négoce. Vendée Sèvre Négoce (VSN), structure qui compte deux entreprises deux-sévriennes (Moinier SA et Fleury Négoce) est une filiale de la Cavac. « Si nous n’avions pas racheté ces unités, d’autres l’auraient fait. Piloter ces structures nous permet de contrôler la concurrence sur le territoire. » Une stratégie qui selon le dirigeant permet également de laisser à chaque agriculteur le choix de la coopération ou du privé. « Le rapport commercial est différent. »
La zone Deux-Sèvres en chiffres450 adhérents, 4 grands points de collecte : Moncoutant, Nueil-les- Aubiers, Clessé et Cerizay qui au printemps 2011 sera doté d’une capacité de stockage supplémentaire de 11 000 tonnes. Collecte de céréales : 42 000 tonnes. Tonnage des aliments du bétail : 22 000 tonnes.  C.P.

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