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La qualité des blés français confrontés à une demande très sélective

Les exportateurs de blé meuniers sont confrontés à une baisse tendancielle du taux de protéine qui fait peser une lourde menace sur ces marchés traditionnels pour les céréaliers français. Les apports d’azote sont montrés du doigt.

Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export céréales, François Chauveau et Jean-Marc Renaudeau, membres de la section régionale grandes cultures de la Fnsea Poitou-Charentes.
Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export céréales, François Chauveau et Jean-Marc Renaudeau, membres de la section régionale grandes cultures de la Fnsea Poitou-Charentes.
© N.C.

L’exportation, une nécessité pour la France était le thème de la rencontre grandes cultures organisée par la Fnsea Poitou-Charentes, avec le concours de France Export Céréales, la semaine dernière aux Ruralies. « On n’est plus dans une relation où l’acheteur s’adapte à l’offre. Aujourd’hui, il a le choix entre une multiplicité d’origines de produit. Une meilleure qualité du blé ailleurs, et le marché est perdu pour la France en particulier quand il ne correspond plus aux besoins de ces pays », soulignait le président, Jean-Pierre Langlois-Berthelot. Deuxième donnée de ce marché alors que la demande mondiale augmente : les exportations de céréales se développent sur pays tiers alors que depuis 2000, vers l’Union européenne, elles diminuent.

Un taux de protéines trop bas
Les pays du Maghreb et en particulier l’Algérie restent cependant les premiers acheteurs de blé meunier français. « Dans ces pays, les céréales sont souvent la première source de protéines pour l’alimentation humaine », poursuit-il. Il s’agit aussi de répondre à des besoins techniques de fabrication de pain et pâtes qui exigent des blés riches en protéines.
Dans ce domaine, la France n’est plus en position de force. Les blés français devraient atteindre en moyenne 11,5% de protéines. Or depuis 2005, alors proche de 12%, ce taux diminue régulièrement, pour se situer sous la barre des 11,5% en 2009. « Sur des marchés comme le Maroc, l’Afrique subsaharienne, l’Egypte et la Tunisie, les blés français n’arrivent pas au niveau requis. Ca commence à être problématique », constate Jean-Pierre Langlois-Berthelot.
« Problématique » pour la France, dans des pays qui n’ont pas les mêmes contraintes environnementales. Avec des taux de protéines  supérieurs, les blés russes (12,5%), ukrainiens et américains (11,5%) ou encore australiens (13%) ou roumains (12%) sont beaucoup plus riches. « Quand atteindre 12% est difficile pour les blés français, on comprend que la moyenne à 11,5% le soit elle aussi. Ces spécifications deviennent de véritables barrières à l’exportation. » Mais le taux de protéines n’est pas le seul obstacle. Quand le poids spécifique varie de 75 à 78, ou le taux d’humidité de 12,5% à 14 % selon les années, des réfactions sont exigées. Des concurrents sont prêts à se placer, auprès de clients jusque-là fidèles.
Des taux de protéines insuffisants ne sont pas qu’une question de variétés. Les producteurs pointent surtout le cinquième programme de la directive nitrates avec le fractionnement des apports et la spécificité des bassins versants. « On a des besoins de protéines donc d’apports d’azote pour nos cultures. Il reste toujours les effets climat et sol que l’on ne maîtrise pas », estime Jean-Marc Renaudeau, membre de la section grandes cultures régionale qui rappelle le lancement du programme Azur pour concilier agriculture performante et qualité de l’eau.
« En fin de cycle, par temps sec, ces apports n’ont pas d’effet sur le rendement ni sur le taux de protéines », complète le président de la chambre régionale Luc Servant. « Nous demandons des perspectives, des marges de manœuvres pour pouvoir continuer à travailler, et rapidement, avec un parcellaire et des équipements adaptés », résume le président de la section régionale, François Chauveau.

Un plan pour doubler la production de blé dur avant 2025
Un plan-cadre de dix orientations, adopté le 13 mai par FranceAgriMer, vise à doubler la production de blé dur, fortement déficitaire, pour atteindre 600 000 hectares. Le point de départ de ce plan de relance est une demande des industriels semouliers, qui ont sonné l’alarme en novembre 2014, face aux difficultés d’approvisionnement rencontrées par l’industrie des pâtes et de la semoulerie, alors que les surfaces françaises ont plongé.
Les superficies de blé dur étaient encore, avant 2010, de l’ordre de 500 000 hectares. elles ont sombré à 341 000 hectares pendant la campagne 2013/14, pour descendre à 288 000 hectares en 2014/15. L’objectif serait de revenir à 500 000 hectares, et d’atteindre 600 000 hectares.
Par cette relance des surfaces, la filière du blé dur espère atteindre un niveau de moisson annuel de 3 à 3,5 millions de tonnes (Mt), contre 1,8 Mt en 2013/14.
Le premier des dix volets du plan cadre, consiste à développer la culture du blé dur dans toutes les zones de production possible : les zones traditionnelles (Sud-Ouest et Sud-Est), mais aussi le Centre et les départements du Centre Ouest océanique. « Que les producteurs qui en font un peu en fassent plus, que ceux qui n’en font plus en refassent, que ceux qui n’en ont jamais fait en fassent un peu », tel est l’objectif résumé par Rémy Haquin, président du conseil spécialisé.
Les autres volets indiquent la nécessité de faire reconnaître par la PAC le blé dur comme une production à part entière, distincte du blé tendre ; de développer la recherche ; de diffuser les nouvelles variétés ; d’optimiser les pratiques agronomiques ; de consolider le dispositif d’aides couplées ; d’adapter la collecte du blé chez les organismes stockeurs ; de développer la transformation du blé dur en France ; de développer une exportation soutenue et régulière ; et enfin de communiquer, notamment à destination des producteurs. (Agra)

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