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Interview
L’emploi, le renouvellement des exploitants et la valeur ajoutée

Jean-Marc Renaudeau est à la tête d’une nouvelle équipe à la chambre d’agriculture depuis bientôt un an. A cette occasion, il rappelle les engagements de son équipe et leurs projets pour l’année 2014.

Jean-Marc Renaudeau, président de la chambre d’agriculture.
Jean-Marc Renaudeau, président de la chambre d’agriculture.
© G. R.

Dans quelques jours, il y aura un an que vous êtes élu à la présidence de la chambre d’agriculture. Que retenez-vous de ces premiers mois ?
Cette première année de mandature est effectivement marquée par la mise en place de la nouvelle équipe, avec cinq nouveaux membres et une répartition des tâches en fonction des centres d’intérêt des uns et des autres. Cette mise en place se caractérise par une implication dans moins de commissions départementales et dans davantage de commissions régionales, à l’image du glissement des décisions des départements vers la région et en ce qui nous concerne, vers la Draaf et le conseil régional.
C’est là que des enjeux importants se négocient et en particulier le deuxième pilier de la PAC. Le travail régional porte sur les MAE, l’installation, l’Ichn, les plans de modernisation des bâtiments d’élevage... Tout cela se discute dans un climat de grande prudence de nos interlocuteurs, vis-à-vis de Bruxelles. Et à ce sujet, je voudrais insister sur un point : l’agriculture française ne serait pas ce qu’elle est sans l’Europe, même si les agriculteurs font part de nombreuses inquiétudes par rapport à des contraintes, qui ne sont pas entièrement le fait de Bruxelles.

Lors de la session d’installation vous avez annoncé que le renouvellement des générations était une priorité. Pourquoi ?
La démographie agricole est telle qu’en 2014, le nombre de départs en retraite va connaître une forte progression, alors que de 2009 à 2013, on constatait environ 100 départs par an. On s’attend à 280 départs cette année, sous l’effet de la loi Fillon sur les retraites. En 2013, 79 jeunes se sont installés avec les aides en Deux-Sèvres. Ce n’est pas suffisant. On espère donc que le seuil des 100 installations sera à nouveau franchi cette année de façon à retrouver un ratio d’une installation pour trois départs. A nous de faire en sorte que ce taux d’installation progresse par l’information des cédants, en présentant le répertoire à l’installation, les parrainages des hors cadre familial, pour trouver des JA et ainsi garder des outils économiques viables.

Le maintien de la valeur ajoutée sur les territoires est aussi un de vos dossiers ?
Pour la chambre d’agriculture, il faut maintenir toutes les productions et en particulier l’élevage dans le département. C’est la condition du maintien de la valeur ajoutée. Avec la nouvelle PAC, le conseil est accentué de façon à orienter plus d’agriculteurs vers l’étude des coûts de production, vers plus de technicité, de sources d’amélioration.
Quand on est chef d’entreprise, il faut savoir où l’on va, là où on est bon, et là où existent des pistes d’amélioration.

La chambre organise des formations sur la PAC. Pour quelles raisons ?
Au niveau des aides de la PAC, 2014 est considérée comme une année transitoire, mais cela va se traduire par des prélèvements d’environ 8% sur les aides directes vers le 2e pilier si l’on inclut l’article 68 et la baisse du budget. A partir de 2015, la réforme sera totale avec convergence des aides, verdissement, recouplage des aides animales. De grands bouleversements sont prévus pour les céréaliers, les éleveurs de vaches laitières et de viande bovine intensive, au profit des exploitations qui avaient de faibles DPU, surtout herbe. Ces formations visent à permettre aux agriculteurs de mesurer l’impact de cette réforme sur chaque exploitation et au final de trouver les moyens d’optimiser leur système d’exploitation. La prime sur les 52 premiers hectares, par exemple, ne va pas permettre de créer de la valeur ajoutée sur les territoires.

La valeur ajoutée, c’est aussi de l’emploi ?
C’est ce que nous voulons mettre en évidence dans les exploitations et les filières. Au printemps, nous allons organiser, avec les autres chambres consulaires, un colloque sur ce thème « Maintenons la production dans les exploitations pour maintenir l’emploi ».

Et puis les chambres d’agriculture de Poitou-Charentes organisent Innov'action, cette année ?
Il s’agit d’une semaine, qui comme son nom l’indique, sera consacrée aux innovations dans les exploitations pour montrer que l’agriculture continue à évoluer avec de nouvelles techniques de production et concernant l’organisation du travail. Nous reprenons un concept qui a fait ses preuves en Bretagne et en Pays-de-la-Loire. Chaque jour du 10 au 14 juin prochains, une ferme sera visitée dans chaque département de la région.
Le développement n’est pas une idée du passé. On doit réfléchir à dynamiser les groupes car c’est en échangeant avec des collègues qu’on apprend ce qui marche, qu’on apprend aussi les erreurs à ne pas faire. Les échanges permettent de progresser pour améliorer les pratiques dans les exploitations mais aussi les conditions de travail et le cadre de vie des agriculteurs, quelles que soient les productions.       

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