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Portrait
Patrice, éleveur dans l’âme et sportif hors pair

Patrice Boizumeau doit sa passion pour l’élevage et ses engagements professionnels à son père, mais aussi à une rencontre pas tout à fait fortuite. Sans le Gaec, il n’aurait pas pu concilier travail et détente, pour aller de l’avant.

« L’agriculture est une industrie lourde. Et investir, c’est prendre des risques», souligne Patrice Boizumeau.
« L’agriculture est une industrie lourde. Et investir, c’est prendre des risques», souligne Patrice Boizumeau.
© N.C.

Ado, il ne voulait pas être agriculteur. Son émerveillement, trente-cinq ans plus tard, devant un veau qui vient de naître et qui cherche « instinctivement » le pis de sa mère prouve qu’il a bien changé d’avis. Patrice Boizumeau est éleveur dans l’âme. Son engagement dans le monde de l’élevage en atteste. Un technicien de l’Oger, devenu un des centres d’insémination artificielle qui rivalise avec la génétique bovine américaine, l’a marqué au point d’y prendre  ses premiers engagements professionnels. « Parce que je crois à ce fonctionnement coopératif et pour apporter ma pierre à l’édifice. »Nous sommes là en plein mutualisme. Une valeur à laquelle il croit dur comme fer. Associé dans un Gaec avec quatre collègues, c’est lors d’un stage de BTA qu’il a été séduit par la formule. « On peut faire beaucoup de choses en se regroupant », assure-t-il. Avec de l’efficacité en prime, quand les associés ont un objectif commun : travailler pour eux et pour la collectivité, à la différence de ce qu’il a vu dans des fermes de l’ex-RDA. « S’associer à deux ? Quand l’un s’absente, c’est 50% de l’effectif en moins. A quatre, on n’est jamais seul. Il nous est arrivé de faire l’ensilage, quand un de nous était en vacances », se souvient-il. Car Patrice voyage. Des voyages d’étude, en Allemagne, en Hollande, au Danemark… « Là-bas, les élevages laitiers sont tous plus gros qu’ici», a-t-il constaté. « C’est l’avenir pour nous », ajoute-t-il, avant de présenter un projet pour faire évoluer les volumes de production.

Rechercher la cohérence
rechercher la cohérence« Quarante, cinquante vaches par unité de main-d’œuvre, tout le monde comprend que c’est raisonnable. L’important c’est que les agrandissements soient en adéquation avec l’environnement. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Il faut rechercher la cohérence et produire autant que possible sur l’exploitation la nourriture des vaches. »« Investir. » C’est parce qu’un de ses voisins avait ce besoin, comme lui, deux ans après son installation, qu’il est venu le rejoindre. Ce projet prend une autre dimension dans l’histoire du Gaec de La Pressonnière, à Fenioux. « Je veux quelque chose d’attrayant, pour transmettre à un jeune, un jour ou l’autre. Et puis, notre environnement ne se limite plus au canton, ni au département… Nos voisins sont européens. Il faut faire comme eux. Sinon, on n’existe plus. » Pour Patrice il faut des volumes pour amortir des investissements. « Avec les mises aux normes, les petites exploitations avec 120 000 litres de lait n’ont pas d’avenir. » Le prix du lait ? « Il ne faut pas rêver. En 1986, il était à 1,80 franc. Il n’a pas augmenté depuis ! Tout ça, parce qu’il faut préserver le panier de la ménagère. »Patrice, le chef d’entreprise, ne s’offusque pas de ce titre. « L’agriculture est une industrie lourde. Et investir, c’est prendre des risques. On est dans un groupe de chefs d’entreprise. Et dans tout groupe, il y a ceux qui se contentent de peu et les autres. C’est comme ça que fonctionne l’économie. »Vice-président de Génoé, administrateur d’Evolution, il nourrit sa passion pour la génétique bovine. « Une petite passion, une fibre », glisse-t-il modestement. « On est des producteurs de lait d’abord », aime-t-il préciser. Il n’empêche que même si la responsabilité du troupeau revient à un de ses associés, les accouplements sont son domaine. Mais tout se fait à l’image de sa conception du travail en groupe. « Dans toute relation humaine, il faut composer, faire des concessions. » Voilà pour le principe qui lui colle à la peau et que lui reconnaissent ceux qui le côtoient. « Mais quand on est soi-même convaincu d’avoir une bonne idée, il faut essayer de convaincre. »  Avant cela, s’impose, à ses yeux, le temps de la réflexion, de l’échange. Et « on s’enrichit de ce à quoi on n’avait pas pensé  ».On imagine que dans ces conditions, le métier d’éleveur prend un tout autre relief. Celui où les contraintes s’estompent devant une répartition des tâches entre associés qui n’exclut pas la polyvalence. « Voir comment fonctionnent des Gaec et des associés, partir en vacances, m’a donné envie de suivre les conseils de mon père. Notre métier a des contraintes, et travailler à plusieurs en fait partie. Alors s’il n’y a pas d’avantages, ça ne fonctionne pas. » Les associés s’en sont donné les moyens : « Trois semaines pour chacun. Deux en été. Une en hiver ». En 2012, pour la troisième fois, Patrice est parti faire du VTT au Maroc. Douze jours dans le Haut Atlas et un périple de 350 kilomètres et 8   000 mètres de dénivelé positif. « C’était magnifique ! Il n’y a rien de mieux que la coupure avec le monde professionnel. »  En attendant de s’ouvrir à de nouveaux horizons, « l’envie de faire autre chose » se prépare avec des sorties hebdomadaires de 50 ou 60 kilomètres. On y parle vélo, mais aussi du métier d’éleveur trop souvent mal connu.

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