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Portrait
Vincent Touzot, l’agriculteur aux mille sourires

Vincent Touzot croit en la force du groupe. Sur son exploitation, dans le syndicalisme, dans la pratique de l’escalade, sa passion, le leader de JA Poitou-Charentes mise sur le collectif.

« Je crois en la force du groupe, je crois en l’efficacité de l’innovation collective », martèle Vincent Touzot.
« Je crois en la force du groupe, je crois en l’efficacité de l’innovation collective », martèle Vincent Touzot.
© N.C.

Le sourire est aussi large que généreux. Pas une minute ne passe sans que le visage de Vincent Touzot ne s’arrondisse sous la tension de puissants zygomatiques exercés. Le jeune homme sourit à la vie et jusqu’à ce jour, la vie le lui rend bien. Sa philosophie : « Je pense que tout finit par aller mieux ».
Dans quelques semaines, le chef de file de JA Poitou-Charentes franchira le cap de la trentaine. Un « vieux » parmi les jeunes ? A cette idée, ses paupières se plissent cachant ses yeux bleus. Encore. Cette possibilité l’amuse. Chez JA depuis sept ans, l’idéaliste qu’il est se sent à sa place. Pour autant et avec ambition pour l’avenir de cette belle école de la responsabilité, il laissera la main le moment venu sans regret. Le combat mené en faveur du renouvellement des générations en agriculture lui tient à cœur. Associé de l’Earl  des Fougères depuis 2007, l’exploitant n’a pour sa ferme rien à attendre des politiques de l’installation à venir. C’est libre, affranchi de tout enjeu privé, comme tous les adhérents du syndicat dont il est l’un des leaders, qu’il s’engage pour que son métier puisse être pratiqué par le plus grand nombre. Une approche qui lui plaît. Une lutte pour un idéal « qui m’apporte sur le plan du développement personnel bien plus que je ne donne », juge-t-il. C’est avec la sensation d’un épanouissement réel qu’il avance dans les responsabilités. Ses besoins d’échanger et de débattre, de s’amuser également, par le biais de JA sont pleinement satisfaits.
Entré dans ce combat un peu par hasard en 2007, “ porté par les copains ”, Vincent avoue s’être pris au jeu. Un peu aventurier, doté d’une curiosité stimulante, le jeune responsable professionnel soutenu par son père et associé Rémi Touzot, a fait sienne cette cause de l’installation. « Comment pourrait-on garder une agriculture dynamique, créant plus de valeur ajoutée, tout en étant moins nombreux ? Ce n’est pas possible », assène le président syndical de la région depuis 2010. Pour faire reconnaître le caractère exceptionnel que mérite la production de denrées alimentaires, si besoin, sous couvert des traits de la naïveté dont il est doté, Vincent provoque avec humour. Avec hardiesse et fantaisie, à l’automne dernier, redoutant le manque d’audace de ses interlocuteurs, il osait proposer leur nomination aux Bouses d’or. Stéphane Le Foll ministre de l’Agriculture et Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes alors lui faisaient face. Cette récompense créée par l’équipe de JA a été remise à ceux qui mènent les pires stratégies pour l’agriculture. Avec le sourire, signature du jeune Touzot, ça passe mieux.

De la pudeur
Homme serein, fort d’une certaine confiance en lui, lorsqu’il revendique « l’exception agricole à l’instar de l’exception culturelle qui préserve le patrimoine exceptionnel de la France », les mots s'enchaînent dans la bouche du jeune passionné. Lorsqu’il appelle de ses vœux « une politique agricole qui protège, isole, déconnecte le marché des céréales ou autres produits laitiers de tout autre échange commercial, le droit à l’alimentation n’étant pas négociable », Vincent s’exprime avec assurance.
L’adulte responsable est orateur. Bien plus, contre toute attente, que le Jeune Vincent Touzot, Mellois de naissance, cadet d’une fratrie de deux garçons. Appelé à se livrer, il perd de son empressement. Invité a en dire plus sur son enfance, sa personnalité, ses passions, il arbore son large sourire. Toujours. Cette arme redoutable ici utilisée pour adoucir les messages les plus graves aurait-elle, à d’autres occasions, fonction d’écran de protection ? Pudique Vincent Touzot ? « Non, je ne sais pas… », se perd-il face à cette question. « Je n’ai pas réponse à tout », avance-t-il avec réserve.
Pourquoi l’agriculture ? Pourquoi l’élevage ? « C’est comme ça », bredouille-t-il. « Je ne me souviens pas avoir eu envie de faire autre chose ». En primaire, au collège, l’enfant était bon élève. Les années s’enchaînent. « Je travaillais peu. Je ne suis pas très scolaire. Le soir en rentrant je posais mon sac et allais aider mon père. Je préférais. » L’entrée au lycée s’est faite naturellement à Venours. En filière agricole. Bac technologique, BTS productions végétales puis un second en production animale. Son parcours de formation prendra fin en 2005 par une année de spécialisation en gestion et fiscalité agricole.
L’entrée dans la vie active sera  pour 2007. C’est au retour d’une période de six mois au Vietnam, bousculé par l’application imminente de la réforme de la PAC, que l’« adulescent » s’associera à son père. « Il fallait y aller », commente-il d’un ton désinvolte. « J’y suis allé. »  Réfléchi, doté d’une intelligente simplicité, Vincent évite les situations compliquées. « Je n’aime pas trop en baver », sourit-il au détour d’une phrase.
« Ma curiosité me tire, oui. En revanche, je ne m’aventure que sur des voies sécurisées ou des domaines pour lesquels j’ai des prédispositions naturelles », juge-t-il. Concrétisée en 2007, son installation était ficelée avant son départ. « Je savais que j’allais m’installer. Seule la date manquait. » Engagé auprès de son père, il a agi pour leur bien à tous les deux. Ici, comme dans le syndicalisme ou l’escalade, sa passion, le groupe est une force pour aller plus loin. Avec Virginie Proust, installée depuis le 1er janvier 2013 en lieu et place de Rémi (*), avec les adhérents de la CEA Loulay, sa coopérative, à  l’image des cordées en escalade, il veut poursuivre l’ascension des falaises de l’agriculture.
« Je crois en la force du groupe, je crois en l’efficacité de l’innovation collective. » De la défense des idées à la concrétisation des projets, Vincent essaie de rester cohérent. Un trait de caractère qui lui vaut d’évoluer en sécurité. Un atout pour ne jamais se départir de son sourire.

(*) Vincent Touzot et Virginie Proust partagent le pilotage d’une ferme composée de 100 ha et d’un troupeau laitier de 50 vaches pour 500 000 litres de lait.

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