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« Racontez la belle histoire de votre quotidien »

C’est une réflexion autour de l’avenir de l’élevage que l’Ajec nationale a porté lors de son assemblée générale, organisée à Bressuire samedi 11 mai. Hervé Le Prince, spécialiste en communication, invite chaque exploitant à s’approprier les réseaux sociaux.

Hervé Le Prince a présenté des initiatives comme la page Facebook « Agriculteurs de Bretagne », qui met en avant chaque jour le quotidien d’un exploitant.
Hervé Le Prince a présenté des initiatives comme la page Facebook « Agriculteurs de Bretagne », qui met en avant chaque jour le quotidien d’un exploitant.
© AJEC

 

Histoire contre histoire. Voici, résumé en trois mots, le mode d’action proposé aux agriculteurs, samedi 11 mai, par Hervé Le Prince. À Bressuire, lors du congrès national des jeunes éleveurs du Charolais (Ajec), le conférencier, spécialiste des gestions de crise, a pris le temps de décrire les militants anti-viande, leur mode d’action et leurs objectifs. Une découverte essentielle, selon l’expert breton, pour agir efficacement « contre le modèle de société que L214, Peta, One Voice, et autre 269 Life, veulent nous imposer ».

« Imposé » étant le mot exact, affirme avec regrets l’interlocuteur des 200 éleveurs réunis à Bocapole. Si quelques associations welfaristes, à l’image de CIWF, militent pour faire évoluer les modes d’élevage au profit du bien-être animal, nombreuses « cachent leur objectif ultime, juge-t-il. La fin de l’élevage et même plus, la fin de toute domination sur terre, quelle qu’elle soit, au motif qu’elle engendre la souffrance, est devenue leur cause ».

L’animal est une porte d’entrée, juge Hervé Le Prince. « Dernier sous-prolétariat humain, il est le socle de leur action militante ». L’animal d’élevage est la cible la plus facile à atteindre. Mais leur combat va bien plus loin. « Ils veulent sortir du rôle fonctionnel de l’alimentation. En politisant l’acte de consommation, certifiant que le monde serait meilleur si nous approchions l’animal, mais également la santé et l’alimentation, l’environnement, l’activité socio-économique avec une nouvelle éthique, ils veulent nous raconter leur histoire ».

Sur scène, Hervé le Prince invite chaque personne présente à consulter les cahiers antispécistes, et notamment le n° 41, pour y voir plus clair sur celle-ci. « Cette histoire est absurde, voire dangereuse, dans son but ultime. Dans ces écrits, ils défendent la fin de la souffrance sur terre. Cette vision, appliquée au règne animal, va jusqu’à proposer d’intervenir pour amenuiser la souffrance des animaux sauvages. Une position particulièrement inquiétante derrière laquelle je vois une menace pour ces derniers ».

Le community organizing

Avant qu’il ne soit trop tard, Hervé Le Prince invite les agriculteurs à raconter leur histoire, celle de leur quotidien. C’est selon lui une nécessité pour contrer le changement de civilisation que veulent imposer « ces libertaires reconvertis en antisystème urbain. Prenez la parole, votre sincérité est reconnue par une très grande majorité de Français, certifiait Hervé Le Prince. Parlez de votre travail quotidien en le mettant, par les mots et les images, en rapport avec la qualité de l’alimentation, le respect de l’environnement, la beauté des paysages. Ce travail, c’est vous, personnellement, qui devez le faire. Personne d’autre. Ensemble, vous ferez sauter le plafond de verre sous lequel vous enferment les antispécistes ».

Évoquant le travail d’Étienne Fourmont ou d’Agriskippy, il encourage chaque éleveur, chaque agriculteur, à exposer son quotidien. « Dans ma région, nous avons développé sur Facebook la page “Agriculteurs de Bretagne”. Chaque semaine, un agriculteur différent y partage son travail ». Il faut créer un réseau, encourage le spécialiste en communication. Il invite le monde agricole dans sa globalité à utiliser les techniques développées par les mouvements antispécistes. Le community organizing, ou la capacité à fédérer pleins de petits pour s’imposer face au gros, est le principe qui a permis à L214 de passer, en dix ans, d’un budget de 5 000 € à 5,2 millions d’euros, de positions inaudibles à un écho médiatique dont l’agriculture aurait bien besoin aujourd’hui, selon Hervé Le Prince.

« Utilisez-la », propose-t-il. Il encourage aussi à utiliser le pouvoir de séduction de la bonne odeur de la viande qui cuit sur le barbecue pour inviter à la discussion. « Organisez des happenings dans les bars en faisant gagner des plateaux de charcuterie pour renouer le contact avec les jeunes consommateurs urbains. Il faut agir avec pour objectif d’adresser des messages en dehors de la sphère agricole ».

 

LA FORCE DE PROPOSITIONS DES JEUNES ÉLEVEURS SOLLICITÉE

L’assemblée générale de l’association des jeunes éleveurs du charolais s’est déroulée samedi 11 mai après-midi. Parmi les sujets abordés, la mise en concurrence des organismes de sélection dans le cadre du règlement zootechnique européen. « Aujourd’hui, ont précisé Sébastien Cluzel, secrétaire du Herd Book Charolais, et Hugues Pichard, président de l’OS Charolais France, 95 % des éleveurs ont décidé de rester fidèles au schéma historique. Les éleveurs, leurs besoins, sont au coeur de notre action pour maintenir, voire développer, notre présence ». Pour plus d’efficacité, ils ont appelé les jeunes adhérents de l’Ajec à être force de proposition pour construire ensemble les outils et les services qui offriront aux éleveurs les meilleures conditions pour produire et commercialiser.

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