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Prendre en compte le « je » dans le groupe

La constitution des sociétés a fortement évolué depuis 1962. Aujourd’hui, pour s’épanouir au sein de ce type de groupe, la prise en compte du « je » est indispensable.

Alice Barthez, sociologue : « La prise en compte du ‘je’ au sein du groupe est essentiel. »
Alice Barthez, sociologue : « La prise en compte du ‘je’ au sein du groupe est essentiel. »
© C. D.

Voilà cinquante ans que les premières sociétés en agriculture ont vu le jour. Les Gaec père-fils étaient alors majoritaires. Cette forme sociétaire a permis l’installation de nombreux jeunes. Elle a ensuite évolué, entraînant l’apparition d’installations hors-cadre familial. Aujourd’hui, on compte plus de 100 000 sociétés en France.
Une journée dédiée aux relations humaines en société agricole, organisée par la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire, a été l’occasion d’évoquer les évolutions sociétaires de 1962 à aujourd’hui avec Alice Barthez, sociologue qui a consacré une grande partie de ses recherches à l’Inra sur les relations humaines en société agricole.

Des sociétés agricoles familiales
Dans les années 50 - 60, le raz-de-marée technologique et la loi d’orientation ont profondément changé l’agriculture dans une logique familiale où le chef est le plus âgé, la femme n’est pas reconnue, où les enfants rentrent dans l’exploitation quand ils sont en âge de travailler « et où la loi des non-dits s’applique. L’exploitation familiale, appelée exploitation individuelle, est ainsi faite qu’on ne peut pas dire « je » et l’on n’en sort pas. Ainsi, il a fallu casser cela pour introduire la modernisation agricole dans les familles. Une indemnité viagère de départ a alors été mise en place pour les agriculteurs acceptant de laisser leur exploitation à un jeune », note Alice Barthez. L’état continue dans cette démarche en instaurant les dotations aux jeunes agriculteurs en 1973, puis en donnant de l’argent aux jeunes couples qui s’installent dans une maison différente des parents. A partir de là, « les rapports familiaux deviennent marchands, le jeune agriculteur se forme dans l’optique, cette fois-ci du ‘je m’installe’», poursuit la spécialiste. Ainsi, la perpétuation de la transmission de l’exploitation qui se faisait jusque-là par filiation, laisse désormais le choix aux enfants de décider de reprendre le flambeau ou non.

Des sociétés avec tiers
En raison du manque de main-d’œuvre familiale est apparu en 1995 le hors-cadre familial et le développement de sociétés avec tiers. L’agriculture sociétaire se développe alors, mais peut-on pour autant dire que ces créations viennent d’un désir d’être ensemble ou plutôt de la nécessité économique qui favorise le rassemblement des moyens de production ?
« Cependant les facteurs de production ne permettent pas de travailler en commun. Le lien économique ne doit pas être à la base de la réunion de personnes. Il est nécessaire de mettre en mouvement une énergie commune qui doit converger vers un même objectif essentiel de prendre en compte le « je » au sein du groupe. Car ce dernier doit avoir envie de faire les choses pour s’épanouir dans le cadre de cette société et ne doit pas subir une vie professionnelle épouvantable. Avant de former une société, il faut s’interroger sur ses objectifs, sur ses souhaits, faire ressortir ses points communs mais aussi ses divergences pour identifier quelles concessions sont possibles. Il ne faut pas tomber dans le piège du regroupement économique et de production pour satisfaire le comptable ou le banquier. Le travail est à faire au départ pour partir sur des bases saines où chacun pourra s’épanouir », précise Alice Barthez.

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