Aller au contenu principal

Municipales
Agriculteur et maire : un modèle en perte de vitesse

Mobiliser pour les municipales semble plus difficile cette année que par le passé. Les agriculteurs, qui représentaient 16 % des maires des Deux-Sèvres en 2014, sont à chaque nouvelle élection moins nombreux.

© Christelle Picaud

Les électeurs seront appelés aux urnes pour les municipales les dimanches 15 et 22 mars. Ces dernières semaines, les candidats se déclarent, ou pas ! En Deux-Sèvres, début février, on entend parler de communes en recherche de tête de liste. Mobiliser semble plus difficile aujourd’hui qu’il y a quelques années. Une tendance dont on prend conscience à l’aube des municipales, mais qui, de l’avis de Jérôme Billerot, 59 ans, maire sortant d’Exireuil, est le prolongement de ce qui se passe dans le tissu associatif. « Le bénévolat est en perte de vitesse. L’individualisme avec un esprit consommateur se développe », croit l’élu agriculteur. La notion d’intérêt général à la vie dure. « Elle se confronte très régulièrement aux intérêts individuels : mon cas personnel, mon association… entend-on de plus en plus », expose Jean-Pierre Brunet.
Ce dernier, maire de Saint-Maurice-Étusson, ne sera pas candidat à sa succession en mars prochain. Conseiller municipal à 25 ans, maire pour la première fois à 31 ans, Jean-Pierre Brunet raccroche après trente et un ans de responsabilités municipales. « Mon fils vient de s’installer sur l’exploitation. Nous avons besoin d’être ensemble », expose-t-il, avouant à demi-mot un phénomène d’usure. « Lorsque j’ai accepté la responsabilité de maire, j’étais jeune installé et jeune père de famille. L’aventure a été possible parce que je n’avais de compte à rendre à personne sur la ferme, et parce que l’équipe municipale s’est investie à cent pour cent à mes côtés. De deux adjoints, nous sommes passés à quatre. Chacun a pris ses responsabilités ».

Surreprésentation

Jean-Pierre a constaté au cours de ses mandats successifs une évolution de la fonction de maire. « Dans les communes rurales, la population nous sollicite énormément. Le cadre législatif est très contraint. Côté normes, nous sommes dans la démesure. Et puis, la société devient procédurière. La notion de responsabilité n’est plus aujourd’hui la même qu’hier ».
Jérôme Billerot, qui fait cette année acte de candidature pour la troisième fois, partage cette analyse. Pour autant, il reste motivé. « L’engagement est une vraie tare familiale, plaisante-il. Mais, pour moi c’est positif. Ces responsabilités me font sortir le nez de mon exploitation. Aller à la rencontre des gens me passionne ».
Si elle ne fait pas exception, la détermination de Jérôme se singularise. Aux élections de 2014, en Deux-Sèvres, 16 % des maires étaient agriculteurs quand cette représentation était proche de 40 % en 1983 (*). Si ce pourcentage exprime une surreprésentation de la profession dans les responsabilités municipales – les agriculteurs représentent 0,8 % de la population nationale de 15 ans et plus – la tendance inquiète dans les rangs de l’agriculture. « Au titre de la mixité socioprofessionnelle, les exploitants doivent rester présents, et particulièrement en milieu rural », juge Jean-Pierre Brunet.

Idées champêtres

Gilles Morisset, 61 ans dans les prochains jours, partage ce point de vue. Conseiller municipal depuis 2008, il ne sera pas de l’aventure cette année. L’agriculteur installé à Rom s’est présenté il y a douze ans par curiosité, envie de comprendre la gestion des comptes publics, et prouver que les agriculteurs étaient des acteurs responsables, en capacité de gérer l’eau sur leur territoire. Élu, le polyculteur-éleveur a brigué le mandat de président du syndicat de la Dive. Il a occupé cette place jusqu’à l’absorption de la structure par la communauté de communes Mellois en Poitou le 31 décembre 2019. « L’engagement des agriculteurs est nécessaire pour expliquer, rappeler ce que sont les réalités de notre travail, nos difficultés aussi. Sans cette présence, alors que notre métier est de plus en plus mal connu, des décisions peuvent être prises sans vraiment mesurer les incidences. Attentions aux idées champêtres dans des municipalités situées en zones rurales », alerte-il.
Dans la liste en constitution sur sa commune, seuls quatre candidats sont agriculteurs. « Nous étions six au cours du précédent mandat, précise Gilles. Le maire a proposé à plusieurs jeunes agriculteurs de le rejoindre, un seul a accepté ». S’il respecte ce choix, Gilles Morisset, fort de son expérience et à l’écoute de cequi se passe ici ou là, est quelque peu inquiet. Convaincu que les bonnes décisions sortent d’un collectif qui a su écouter toutes ses composantes, Gilles Morisset invite les agriculteurs à prendre part au débat démocratique.

(*) D’après la thèse de Philippe Bidet-Emériau, sociologue, retraité de l’enseignement en MFR.

Se déclarer
Les dossiers de déclarations de candidature pour le premier tour de scrutin de l’élection des conseillers municipaux et communautaires, devront être déposés du lundi 10 février à 10 h 30 au jeudi 27 février à 18 h : à la préfecture des Deux-Sèvres, à la sous-préfecture de Bressuire ou de Parthenay. Pour limiter le temps d’attente des candidats, il est conseillé de prendre rendez-vous par internet.
Un module de prise de rendez-vous en ligne est disponible sur le site de la préfecture.

 

En l’absence de candidat, l’État prend la main provisoirement

Phénomène nouveau. Quelques communes ont des difficultés à trouver des candidats pour les élections municipales du mois de mars. Si la situation se confirme, dans un délai de huit jours à compter des élections, une délégation spéciale sera nommée par décision du préfet de département. Elle élira alors son président, s’il y a lieu, son vice-président. Le président, où à défaut le vice-président, remplira les fonctions de maire. La délégation comporte trois membres dans les communes de moins de 35 000 habitants et au maximum sept dans les autres. Les pouvoirs de la délégation spéciale sont limités aux actes de pure administration conservatoire et urgente. Les fonctions de la délégation et de son président expirent dès que le conseil municipal a été reconstitué et installé (art. L.2121-35 et suivants du CGCT).
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

L'atelier des 6 Vallées réunit des producteurs de la Vienne et des Deux-Sèvres.
L'Atelier des Vallées prend forme
L'atelier collectif de découpe et de transformation de produits locaux des Vallées devrait voir le jour début 2026 à Coulombiers…
Les membres du syndicat de la race Limousine des Deux-Sèvres ont acté une présidence partagée entre Bruno Valadeau et Killian Girault.
Deux présidents pour la Limousine

La présidence du syndicat deux-sévrien de la Limousine est désormais partagée entre Bruno Valadeau et Killian Girault, un…

Baptiste Conreaux amène les commandes de fruits, légumes, jus et œufs à la porte de ses clients.
Des produits locaux livrés à domicile

Si la demande de livraison de fruits et légumes locaux était forte pendant la crise sanitaire, elle s'est bien estompée ces…

Laurette Didière vient de créer son agence Charentes In Flow.
Découverte touristique sur-mesure des Charentes
Laurette Didière créé une agence de tourisme réceptive : Charentes In Flow.
La Chambre d'agriculture de Charente (représentée par son président Christian Daniau) a porté le dossier pour tout le Poitou-Charentes. Aux manettes : le service Environnement, dirigé par Audrey Triniol.
La MAEC zone intermédiaire financée en intégralité
Tous les agriculteurs éligibles à la mesure agro-environnementale et climatique "zone intermédiaire en Poitou-Charentes", qui en…
Guillaume Roux et Cassandra Bœuf veillent sur leurs escargots.
Nouveaux anges gardiens pour les cagouilles
Cassandra Bœuf et Guillaume Roux ont repris la Cagouille charentaise, à Mons. L'exploitation hélicicole va déménager dans les…
Publicité