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Désherbage maïs : adapter sa stratégie à la flore

© Arvalis

Les semis de maïs n’ont débuté dans la région que depuis une dizaine de jours dans des conditions climatiques pas toujours évidentes. Les températures fraîches sur fin mars ont retardé les semis de maïs pour profiter de conditions de températures plus favorables (sol davantage réchauffé afin de favoriser une levée rapide) et le temps sec de ces deux dernières semaines et des sols difficiles à reprendre ont compliqué les implantations. Les conditions n’étaient pas réunies non plus pour effectuer des désherbages de pré-levée dans de bonnes conditions pour ces premiers semis. Les premières parcelles semées début avril sont actuellement en cours de levée.

Une stratégie « pré puis post » conseillée pour les problématiques de flore complexe et/ou difficiles, particulièrement en semis précoce

La stratégie de pré-levée relayée par une intervention de post levée est à privilégier voire s’impose dans les situations de densité habituellement élevée de graminées ainsi que pour certaines dicots (véroniques de Perse par exemple). Elle est incontournable pour les situations de sétaires résistantes au nicosulfuron dans la région. Elle s’impose dans les situations attendues de forte présence de graminées estivales ou encore de ray-grass avec l’application d’un produit racinaire avant la levée des graminées. Outre l’efficacité sur les premières levées, c’est essentiellement la rémanence qui confère au programme sa robustesse. L’humidité du sol est un critère important d’efficacité de la pré-lévée (pour garantir une efficacité optimale, on peut retenir que les herbicides de prélevée nécessitent un cumul de 10 mm de pluie dans les 15 jours qui suivent l’application), or ce critère a été plutôt mis à mal ces derniers jours.

- Pour les semis de la 1ère quinzaine d’avril (dont la levée n’est pas en cours) où la pression graminées attendue est forte dans la parcelle : il conviendra tout de même d’intervenir en pré-levée en essayant de la positionner au plus près du semis pour bénéficier de l’humidité résiduelle et de bénéficier également des petites pluies annoncées cette semaine. En condition sèche, l’efficacité des chloroacétamides n’est pas nulle et limitera le risque d’avoir à gérer en post des situations non contrôlables par des produits foliaires. L’autre difficulté sera aussi à regarder du côté de vent qui pourrait limiter aussi les interventions.

- Pour les autres situations semées (pression graminée jugée intermédiaire, levée des maïs en cours ou pour pallier aux conditions de sol jugées trop sèches), on pourra reporter l’intervention en post-levée précoce (Cf paragraphe suivant).

On ciblera la pré-levée avec des matières actives les plus efficaces vis-à-vis des graminées. Néanmoins, lorsque d’autres adventices difficiles sont attendues en très fortes infestations, un renforcement ciblé en prélevée est possible :

- Pendiméthaline : intérêt majeur sur renouée des oiseaux, quelques graminées (vulpin, pâturin) et dicots classiques. Peu d’intérêt sur renouée liseron, géraniacées, mercuriales, crucifères…

- Thiencarbazone-méthyl : intérêt majeur sur renouée des oiseaux et renouée liseron… mais faible sur mercuriale.

- Isoxaflutole (IFT) : intérêt manifeste sur ambroisie, crucifères, dicots classiques, lamier, linaires… mais nul à faible sur renouées, mercuriale, géraniacées…

Cas spécifique de la gestion des ray-grass : si l’on se situe en situation de résistance ou en cas de fréquence très élevée, la gestion de ces ray-grass impose aussi le recourt à la prélevée. Les résultats acquis récemment mettent en évidence une meilleure efficacité des associations de chloroacétamides à base de S-métolachlore et de DMTAP en situation de résistance.

Le rattrapage de post-levée sera à calibrer par la suite selon la flore présente et les éventuelles relevées.

Une stratégie « post levée précoce » pour pallier aux conditions trop défavorable de pré-levée

Si la pression graminée n’est pas trop forte ou si la levée des maïs est en cours ou encore pour pallier aux conditions jugées de sol trop sèches de pré-levée, on pourra reporter le désherbage de pré-levée en post-levée précoce (à 2 - 3 feuilles du maïs), éventuellement associée à des produits foliaires pour garantir une meilleure efficacité sur les adventices tout juste levées ou non encore levées. Comme pour les applications de pré-levée, cette stratégie nécessitera une intervention sur sol suffisamment frais et une pluviométrie suffisante après application permettant d’assurer l’efficacité optimale des matières actives à action racinaire. C’est une intervention délicate à mettre en oeuvre car la fenêtre de positionnement est très étroite pour bénéficier de l’ensemble des potentialités de l’association des produits (sol humide, besoin en températures, hygrométrie>70%, absence de forte amplitude thermique et adventices très jeunes). Dans les faits, un rattrapage s’avère souvent nécessaire.

Recommandations d’emploi en lien avec des évolutions réglementaires attendues

Recommandations d’emploi pour le S-métolachlore : la dose maximale autorisée aujourd’hui pour les herbicides à base de S-métolachlore est 2.1 l/ha (1921 g sa/ha). Les firmes proposant des produits contenant du s-métolachlore émettent des recommandations d’emploi restrictives anticipant les décisions de renouvellement des autorisations pour les produits concernés. Entre autres, elles déconseillent toute application sur les aires d’alimentation de captages prioritaires et zones sensibles et recommandent une dose maximale de 1000 g/ha de S-métolachlore (soit 1.1 l/ha de Dual GS, 1.04 l/ha de Mercantor G ou 2.5 l/ha de Camix) pour tous les maïs. Ces recommandations sont à leur initiative et n’ont à ce jour aucune obligation légale. Il n’en demeure pas moins vrai que la durabilité du désherbage du maïs doit passer par un raisonnement plus fin du choix des produits et de leurs doses d’emploi. Nous avons testé également l’efficacité de différentes solutions alternatives permettant de réduire le recours aux herbicides de la famille des chloroacétamides. Enfin, dans les situations à forte pression en graminées estivales, il peut s’avérer nécessaire de mettre en oeuvre des doses supérieures à ces recommandations.

Pour en savoir plus : consultez le tableau des efficacités des programmes herbicides avec dose réduite ou sans S-métolachlore dans le Guide Maïs Poitou-Charentes et le chapitre dédié.

La fin du bromoxynil ? Cette campagne est probablement la dernière occasion d’utiliser les produits contenant du bromoxynil. Ses cibles prioritaires pour le désherbage du maïs sont la mercuriale annuelle et la renouée liseron. Les solutions en prélevée pour ces deux dicotylédones difficiles ne sont pas efficaces. La mercuriale annuelle est sensible aux inhibiteurs de l’ALS (Equip, Pampa, Peak), à condition d’intervenir sur des individus très jeunes. Il en est de même avec certains prémix tels que Monsoon-Active ou Calaris. La renouée liseron est plus difficile à maîtriser. Le stade au traitement est vraiment déterminant. On interviendra avant 3 feuilles avec Biathlon, Peak, Monsoon-Active, Capreno ou Calaris ou encore CallistoPlus, Nikita WG ou Rinidi WG.

Désherbage mécanique

Des conditions séchantes, 24 à 48h après passage sont à privilégier pour maximiser l’efficacité d’un désherbage mécanique. On pourra opter cette année pour un passage de herse étrille à l’aveugle avant la levée du maïs après l’épisode de petites pluies annoncées qui pourront aussi mettre en germination des adventices. Ces interventions ont une efficacité partielle mais peuvent s’avérer intéressante dans ces situations où les adventices sont encore au stade filament. Attention, tout comme les interventions phytosanitaires, un passage au stade coléoptile (pendant la levée) est à proscrire.

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