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Floraison des blés : quel risque de fusariose ?

Avec l’extrême douceur de l’hiver et du début de printemps, notamment avec des minima très élevés, les cultures ont pris une avance conséquente.

La fusariose du blé est causée par un complexes d'espèces de champignons, qui affecte le rendement et la qualité des grains.
© Arvalis (Institut du végétal)

Pour les semis d’octobre les floraisons débutent actuellement sur cette dernière semaine d’avril. Elles s’étaleront ensuite sur toute la durée du mois de mai entre les semis de novembre qui fleuriront dès les premiers jours de mai et se poursuivront probablement jusqu’au début juin pour les derniers semis de blé dur de mars en marais. La conduite de la culture devra être adaptée à chaque cas, d’autant que les conditions climatiques seront probablement très différentes selon les périodes compte tenu de l’étalement exceptionnel des dates d’apparition.

Maladies : adapter la protection fusariose à la pluviosité du moment et viser le stade début floraison

Pour les blés tendres

La nécessité de protéger les cultures à la floraison dépend à la fois du risque agronomique (précédent, sensibilité variétale et travail du sol) et du climat (pluviosité cumulée entre + et – 7 jours autour de la floraison). La grille et le tableau ci-dessous permettent de qualifier le risque.

Les pluies annoncées dans les prochains jours, si elles sont abondantes (> 40 mm à +/- 7 jours de la floraison), pourraient situer l’année à un niveau de risque assez élevé pour les parcelles les plus précoces en floraison actuellement. Il est alors nécessaire d’intervenir non seulement sur les parcelles les plus à risque (précédent maïs ou sorgho, sans enfouissement des résidus de culture) mais également les variétés sensibles en situation de risque moindre en cas de pluies abondantes (niveau de risque de 3 à 7) selon les prévisions météo annoncées. Toutefois, les conditions de l’année et d’implantation ont fait que de nombreuses parcelles de blés ont été semées après labour et ainsi les situations agronomiques les plus à risque sont moins présentes sur le terrain cette année ce qui permet malgré tout d’abaisser le risque.

Plusieurs substances actives de la famille des triazoles ont une action sur les fusarioses. Certaines solutions à base de triazole solo (metconazole, tébuconazole) peuvent être plus économiques, mais n’agissent que sur l’une des deux souches potentiellement responsables des fusarioses. En cas de risque fort, il sera plutôt conseillé d’intervenir avec des solutions qui combinent les substances actives les plus efficaces (associations prothioconozale + tébuconazole).

Légende : recommandations associées à chaque niveau de risque

1 et 2 : Le risque fusariose est minimum et présage d’une bonne qualité sanitaire du grain vis-à-vis de la teneur en DON. Pas de traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses quelles que soient les conditions climatiques.

3 : Le risque peut être encore minimisé en choisissant une variété moins sensible. Traiter spécifiquement vis-à-vis des fusarioses en cas de climat humide (cumul de pluie > 40 mm pendant la période entourant la floraison).

4 et 5 : Il est préférable d’implanter une variété moins sensible ou de réaliser un labour pour revenir à un niveau de risque inférieur. A défaut, effectuer un broyage le plus fin possible et une incorporation des résidus rapidement après la récolte. Pour ces deux niveaux de risque, envisager un traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses, sauf si le climat est très sec pendant la période de floraison (cumul de pluie < 10 mm pendant les +/- 7 jours entourant la floraison).

6 et 7 : Modifier le système de culture pour revenir à un niveau de risque inférieur. Labourer ou réaliser un broyage le plus fin possible des résidus de culture avec une incorporation rapidement après la récolte sont les solutions techniques les plus efficaces et qui doivent être considérées avant toute autre solution. Choisir une variété peu sensible à la fusariose. Traiter systématiquement avec un traitement * anti-fusarium efficace.

* Traitements efficaces contre F. graminearum et F. culmorum : principalement produits à base de prothioconazole, tébuconazole ou metconazole, utilisés début floraison à une dose suffisante (60 à 80% de la dose homologuée minimum, selon le produit utilisé). Le thiophanate-méthyl et une association dimoxystrobine + époxiconazole également efficaces contre les Fusarium ont récemment complété la gamme des solutions possibles. Notez que parmi les solutions efficaces contre les Fusarium spp., il existe des différences marquées d’efficacité sur Microdochium spp. Une nuance qui peut s’avérer importante certaines années.

Pour les blés durs

La protection vis-à-vis des fusarioses est un enjeu majeur : ces maladies engendrent une dépréciation de la qualité technologique, des pertes de rendement et des risques sur la qualité sanitaire (DON). Le traitement à floraison est fortement recommandé, compte tenu de la sensibilité de l’espèce blé dur et les risques pour la qualité sanitaire. Son positionnement, le choix du produit et les conditions d’application sont important à respecter. Trois triazoles sont efficaces contre les Fusarium toxinogènes : tébuconazole, metconazole et prothioconazole. Afin de limiter le taux de moucheture les années humides en fin de cycle, le traitement fongicide à floraison doit également être réalisé avec des matières actives efficaces sur Microdochium spp (prothioconazole). Pour la protection de l’épi notre préférence va donc vers les solutions associant prothioconazole et tébuconazole de type PROSARO ou KESTREL. La dose est à adapter, allant de 0,6 L/ha si l’année est sèche autour de la floraison et avec une variété peu sensible, à 1 L/ha pour les situations les plus exposées.

Pour les situations actuelles de parcelles de blé dur en tout début floraison ou dans les jours à venir, compte tenu des prévisions de pluie annoncées toute cette semaine, la dose haute est à privilégier.

Enfin, compte tenu de l’étalement très important des dates de semis du blé dur (fin octobre à mars) et donc des floraisons attendues tout le long du mois de mai, le positionnement de l’intervention anti-fusarioses devra être adaptée à chaque grande vague de semis et calée sur le début de floraison de la parcelle.

Fusarioses des épis : 3 points à retenir pour blés tendre et blés dur

- La conduite de la culture devra être adaptée à chaque situation encore plus cette année : les conditions climatiques seront probablement très différentes selon les périodes compte tenu de l’étalement exceptionnel des dates de semis et par conséquent des dates de floraison. Bien repérer la sortie des 1ères étamines des parcelles (observer sur zone plus précoce de la parcelle).
- Pour maximiser l’efficacité des solutions phytosanitaires (qui n’ont déjà qu’une efficacité partielle), il est nécessaire de positionner tout début floraison les fongicides spécifiques anti-fusarioses, lorsque les premières étamines sortent, ce qui rend souvent cette intervention compliquée à positionner.
- En cas de traitement, il est nécessaire de bien viser l’épi, plus difficile à atteindre par pulvérisation que les feuilles. Pour se faire, il est essentiel d’appliquer le produit avec un volume de bouillie d’au moins 150 l/ha, voire 180 à 200 l/ha afin de garantir la meilleure efficacité.

Irrigation : anticiper pour ne pas irriguer pendant la floraison

Si l’irrigation à elle seule ne suffit pas à provoquer une pression fusariose importante, elle amplifie les contaminations si les conditions climatiques leur sont favorables et, pour les blés durs, peuvent fortement amplifier le risque d’apparition de la moucheture. Si les pluies récentes ou prévues sont insuffisantes pour assurer un remplissage suffisant de la réserve utile, il est recommandé de déclencher une irrigation à l’épiaison en resserrant le tour d’eau pur pouvoir interrompre l’irrigation durant la présence des étamines sur les épis. L’irrigation ne sera reprise ultérieurement que si le déficit se creuse à nouveau.

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