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Syndicalisme
Forte tension dans les campagnes alors que se profile la réforme de la PAC

Difficultés du monde de l’élevage et incompréhension de l’administration en matière d’environnement ont constitué l’essentiel les débats lors du 64e congrès de la FDSEA.

Les difficultés rencontrées par le monde agricole ont été largement évoquées lors du 64e congrès de la FDSEA.
Les difficultés rencontrées par le monde agricole ont été largement évoquées lors du 64e congrès de la FDSEA.
© DR

Il régnait un petit air d’après manifestation, la semaine dernière lors du congrès de la FDSEA. Deux jours après le rassemblement de près de 300 personnes à Parthenay, l’heure était encore au bilan d’une mobilisation qui désormais fait date. « Compte tenu de la participation, il y a comme un soupçon d’espoir qui renaît après cette manif. Il faut continuer parce qu’on est rendu très, très bas. Au national de prendre le relais. » Les congressistes auraient pu reprendre à leur compte les propos de Jean-Jacques Morin, délégué cantonal de Secondigny. Ce qu’a fait Sylvie Macheteau, secrétaire générale, quand elle estimait que « jamais la situation n’a été aussi grave ». Patrice Coutin se devait alors d’alerter les députés : « Vous devez prendre en compte les propositions des agriculteurs », puisque selon lui, « le plan Sarkozy n’a pas répondu aux attentes des agriculteurs ».

Pour la FDSEA, il n’est pas question de baisser les bras. Elle dit oui, à une conférence agricole nationale pour faire le point sur la situation économique, fiscale, sociale et environnementale de l’agriculture.

 

Retour vers le passé

Dans l’immédiat, les producteurs de lait de vache ne décolèrent pas vis-à-vis des GMS. « On est revenu au Moyen Age au temps des seigneurs », estimait Christophe Limoges, président de la section lait de vache. « Nous les serfs, nous irons chercher la valeur ajoutée, là où elle est », lançait-il en guise d’avertissement. 

Les éleveurs de chèvres ne sont pas moins inquiets quand les laiteries veulent baisser le prix du lait et que l’interprofession approuve. Ils ont fait signer une pétition demandant le maintien du prix de base et des volumes produits à leur niveau de 2009 et la mise en place d’une contribution temporaire pour écouler les surstocks. Philippe Martineau est catégorique : « On ne va pas régler le problème par la baisse du prix ».

Les éleveurs de lapins eux aussi ont fait part de leurs difficultés. Pascal Bertaud déplore que « peu de chose a changé depuis quinze ans », puisque le revenu des éleveurs plafonne à 

17 000 euros par an. Il fustige les abattoirs qui refusent de se grouper face aux GMS, mais qui à ses yeux se sont rendus coupables d’entente illicite quand, en 2009, ils ont unilatéralement décidé de baisser le prix de reprise du lapin.

L’inquiétude est également toujours présente en matière d’environnement. « Il va falloir claquer la porte », suggère Claude Devaud. Bruno Lepoivre va plus loin. Il dénonce 

« l’incompétence de l’Etat à défendre la profession en justice. Il est plus facile d’augmenter les contraintes d’irrigation », se désolait-il. Pour Philippe Charles, « trop de contraintes tuent la réglementation ». Ils étaient un certain nombre ce jour-là à avoir constaté que la réglementation franco-française, est plus sévère que les textes européens. Et en matière d’irrigation, Gilles Morrisset, dénonce « l’incompréhension » départementale : « On n’arrive plus à discuter », résumait-il. Les procès-verbaux dressés à des agriculteurs pour infraction supposée à la réglementation sur les couverts végétaux ne sont sans doute pas étrangers à cette levée de bouclier.

 


La machine est en marche

L’année 2010 s’annonce décisive en matière de politique agricole européenne. Jusqu’en 2013 le budget est stabilisé, mais au-delà tout est à construire, non plus avec six Etats comme en 1957, mais à 27. L’arrivé des pays de l’Europe de l’Est, la prise en compte des attentes citoyennes (social, environnementales, qualitatives…), les restrictions budgétaires vont complexifier la PAC. De là à faire basculer tous les soutiens dans le second pilier, il n’y a qu’un pas que les Britanniques sont prêts à franchir. Et aux yeux des nouveaux arrivants comme les Roumains, il est difficile de justifier les soutiens à leur niveau actuel. 

Pour Jean-Paul Bastian , vice-président de la FNSEA, qui intervenait sur « les enjeux de l’après 2013 », « jamais une politique d’aide ne remplacera une politique de prix ». Il estime que le contexte actuel est favorable à des discussions pouvant déboucher sur des accords en matière de régulation des marchés ce qui était inconcevable il y a quelques mois. 

Par contre, il pose des préalables à cette réforme annoncée pour cette fin d’année. Si le soutien à l’hectare doit évoluer, « il faudra faire évoluer la protection aux frontières ». Deuxième préalable : retrouver de la compétitivité. 

« Le jour ou les Polonais auront les mêmes charges que les agriculteurs français on pourra envisager une prime unique». Enfin, la régulation du marché doit devenir une réalité.

Un consensus devra nécessairement être trouvé entre des partenaires qui ont des approches très libérales et la France alliée aux pays de l’Europe du Sud qui voit dans l’agriculture des missions de sécurité alimentaire et d’équilibre des territoires. Mais aussi de préservation de la ressource ou de lutte contre le réchauffement climatique. Face à cette conception, la Grande Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark… s’accommoderaient d’un libéralisme dont ils sont toujours les fervents défenseurs.


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