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Interview d'Alain Chabauty, président de la Fnsea 79

Alain Chabauty revient à l'occasion des voeux sur une année 2014 « compliquée ». Et pour 2015, il s'engage à mener le combat dans l'objectif de voir l'énergie nécessaire à la réussite entrepreneuriale libérée. Interview.

Alain Chabauty, président de la Fnsea79.
Alain Chabauty, président de la Fnsea79.
© N.C.

2015, une nouvelle année. Quels sont les points sur lesquels la Fnsea sera vigilante ?
Tout d'abord, j'adresse mes meilleurs voeux à l'ensemble des agriculteurs et à leurs familles. Des voeux de bonne santé en priorité. De bonheur en famille et d'épanouissement dans leur métier. Nous, agriculteurs, avons une profession passionnante. Même si gérer une exploitation dans un environnement instable est complexe, porter des projets économiques sous le regard parfois réprobateur d'une société dont les attentes des citoyens sont en contradiction avec les comportements des consommateurs qu'ils sont par ailleurs, n'est pas de tout repos. Il n'en demeure pas moins que cette profession dont la finalité est de nourrir les Hommes est une noble profession, aux nombreux points positifs. La nature est notre lieu de travail, la famille notre environnement immédiat, l'entrepreneuriat notre motivation. En 2015, comme par le passé, la Fnsea79 se battra pour lever les barrières qui font obstacle à la dynamique de production et à l'équilibre économique de nos outils.

Quel bilan faites-vous de l'année 2014 ?
2014 aura été une année compliquée dont la conséquence est une nouvelle fois la baisse des revenus. Selon les statistiques du ministère de l'agriculture, le résultat courant avant impôt des exploitations baisse en moyenne de 5%. Ce bilan catastrophique n'est pas une surprise. En grande  culture, la baisse des prix fragilise fortement les exploitations de zone intermédiaire dont les terres au potentiel limité ne peuvent se satisfaire de prix bas. En productions bovin viande et caprin, la trésorerie manque. Il faut oeuvrer en faveur du  redressement des prix des vaches mis à mal par une filière laitière qui, bousculée par quelques incertitudes, réforme. Mais également pour le redressement du prix du lait de chèvre qui orienté à la hausse depuis un an ne doit pas en rester là.
Le travail visant à la maîtrise des charges doit lui aussi se poursuivre. On ne peut plus supporter d'augmentation de coûts liés aux contraintes environnementales ou aux évolutions de la couverture sociale. A en rajouter, l'Etat perd de sa crédibilité. C'est le cas avec le cinquième programme de la directive nitrates qui vient d'entrer en vigueur. La logique de cette nouvelle directive ne fait pas écho dans les campagnes. Nombreux sont les exploitants à s'en détourner. Je les comprends. Nous travaillons syndicalement pour essayer de faire bouger les curseurs. En attendant et compte tenu des nombreux points d'incohérence dont cette réglementation est dotée, j'invite les exploitants à faire preuve du bon sens paysan.

Vous parlez d'un travail en faveur du redressement des prix comment oeuvrer dans ce sens dans un environnement qui se libéralise ?
C'est sur le prix de vente de nos produits que se joue une partie de notre avenir. Les distributeurs, les GMS doivent accepter que sans producteurs, il n'y aura pas de produits. Pour leur faire entendre cette évidence, il est fort probable que de nouvelles actions voient le jour en début d'année.
Parallèlement, nous devons au sein des organisations professionnelles agricoles, de nos outils économiques également, travailler à la construction d'une force commerciale qui ne laisse pas d'autre choix aux distributeurs que de valider les prix nécessaires à notre survie. Nous devons travailler à la mise en oeuvre d'une offre groupée. Sous quelle forme ? Je ne sais pas. Mais nous devons avancer sur cette voie pour protéger nos exploitations.
Compte tenu de la récurrence des dérégulations des marchés sous l'effet des conflits géopolitiques, la Fnsea s'oblige à rappeler à Bruxelles que l'on ne peut continuer à fonctionner en flux tendu. Même si réactiver les outils de régulation peut paraître utopique, il faut porter cette idée. Un minimum de stocks conjugué à un cadre strict de la spéculation sur les marchés à terme à partir des matières agricoles permettraient de stabiliser l'environnement économique.

Alors que l'on entre en 2015 dans une période de nombreux départs en retraite, comment mobiliser les jeunes pour assurer le renouvellement des générations ?
Les jeunes sont pleins de ressources. Ils abordent les choses avec une vision nouvelle, qui leur est propre. Dans une agriculture qui loin des modèles du passé se construira sur des projets, la créativité des jeunes a sa place. Il faut leur faire savoir. Présenter les difficultés mais également les forces, les bons cotés de notre métier. Et nous, syndicalistes, devons continuer d'oeuvrer pour créer les conditions favorables à la rentabilité des outils économiques que sont nos fermes. Un outil rentable est un outil qui se transmet.
Le renouvellement des générations passera par la capacité à vivre de notre métier. Notre activité doit nous permettre de supporter le poids des capitaux engagés. Pour ce faire, la France et l'Europe doivent nous aider à créer un environnement favorable à la dynamique entrepreneuriale. Il faut libérer les énergies. Régler le mal franco-français qui par la réglementation casse la dynamique de production qu'elle soit agricole ou industrielle.
Nous devons également poursuivre notre travail de communication. Pour intéresser, nous devons dire ce que l'on fait. Parce que, ce que nous faisons, nous le faisons bien. L'agriculture est diversifiée. Les futurs agriculteurs, comme l'ensemble de la société doivent le savoir. C'est sa richesse. Chacun peut ainsi y trouver ce dont il a besoin. Que les outils soient grands ou petits, affiliés à une coopérative pour vendre leurs produits où qu'ils transforment sur place, leur point commun est la maîtrise sanitaire et environnementale.
En Deux-Sèvres, un actif sur six occupe un emploi en lien avec cette agriculture plurielle. Chacun doit entendre que si un modèle doit rester, c'est celui qui créé de la valeur ajoutée.

Dans quelques semaines auront lieu les élections des représentants de la MSA. Comment préparez-vous cette échéance?
Nous venons de boucler avec plus ou moins de facilité les listes de candidats. Évidemment, maintenant nous allons faire campagne pour que les exploitants agricoles aillent voter. La spécificité de notre régime tient sa légitimité de la participation à ce vote. Si nous voulons garder une certaine souplesse, une certaine capacité à soutenir les exploitants les plus en difficulté en période de crise, il faut s'exprimer. Alors que chez les commerçants et les artisans on regrette la rigidité des régimes, dans le monde agricole oeuvrons pour conserver la capacité d'adaptation dont nous bénéficions.

Le nouveau périmètre des régions vient d'être validé. Aura-t-il des conséquences sur l'organisation future de la Fnsea ?
Effectivement, et alors que les centres de décision s'éloignent, notre organisation pour être au plus près des centres de décision politique devra évoluer. D'ici les prochaines élections syndicales au printemps 2016, nous aurons, je le souhaite, structuré une nouvelle organisation. Elle pourrait reposer sur un échelon local qui serait la commune. Celui-ci désignerait ses représentants à un niveau qui ne serait non plus celui du canton mais celui des intercommunalités. Ces derniers siégeraient au conseil d'administration du département. Pour l'échelon régional, tout reste encore à construire. Un ou deux niveaux ? Le débat s'ouvre en même temps que cette nouvelle année. Nous invitons nos adhérents à participer à cette réflexion nécessaire.

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