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Bâtiment
La géobiologie, une pratique méconnue au service de l’élevage

La géobiologie vise à neutraliser des perturbations d’origines électrique, électromagnétique et tellurique qui peuvent fortement affecter les élevages. Témoignage de Jean-René Bouchet, géobiologue et agriculteur à Saint-Coutant.

Des vaches qui refusent de rentrer dans la salle de traite, des porcs agressifs, des chèvres qui lapent l’abreuvoir, des cellules dans le lait… Des éleveurs sont confrontés à des problèmes dans leur troupeau qui paraissent insolubles. En dernier recours, ils font appel à un géobiologue. Celui-ci va neutraliser les perturbations auxquelles les animaux sont sensibles.
Jean-René Bouchet, qui élève 200 chèvres laitières à Saint-Coutant, en a fait l’expérience. Installé en 1994, il connait rapidement des difficultés dans son élevage : mauvaise production, agressivité, mortalité. Après des années d’investigations, il entend parler d’un géobiologue en 2001 et fait appel à ses services. Il réalise alors que son bâtiment est construit au-dessus de nombreuses failles et cours d’eau souterrains, des éléments du sous-sol qui amplifient les ondes électromagnétiques issues de nos appareils (du robot de traite à la ligne haute tension). Par un long travail sur son installation électrique et son terrain, Jean-René Bouchet réussit à améliorer la santé et la production de son troupeau. Passionné par la géobiologie, l’éleveur caprin se forme et il intervient aujourd’hui lui-même auprès d’éleveurs de l’ex-Poitou-Charentes par le biais de l’association Prosantel, qui regroupe des géobiologues spécialisés dans l’élevage.

Repenser son installation électrique pour les animaux

Dans la majorité des cas, les géobiologues interviennent une fois que les bâtiments sont installés. Jean-René Bouchet réalise d’abord un diagnostic à partir du plan de l’exploitation, qui lui donne une première impression sur les nuisances présentes dans les bâtiments. Une fois sur place, il contrôle la qualité de la prise de terre, qui est la source principale des problèmes. Si la prise de terre n’est pas efficace, des courants parasites vont circuler dans les éléments métalliques du bâtiment qui vont jouer le rôle de la terre.
Le géobiologue détecte ensuite les défauts d’isolement des installations électriques avec des appareils de mesure. Ses critères sont plus exigeants que ceux d’un électricien, qui s’intéresse uniquement à l’aspect sécurité de l’installation. Le géobiologue traque la moindre micro-fuite de courant pour adapter le matériel à la sensibilité des animaux. Les vaches ne mettent pas leurs bottes en allant dans la salle de traite, qui est très humide. Si elles subissent des chocs électriques, elles ne voudront pas y entrer plusieurs fois par jour !
Il finit par un diagnostic tellurique, en utilisant des baguettes et un pendule pour percevoir des éléments dans le sous-sol, comme les failles et les cours d’eau, qu’il ne peut pas détecter au moyen des appareils physiques. Ces éléments déterminent l’emplacement de la prise de terre. Elle doit être en zone neutre, pour éviter la propagation de courants parasites dans les éléments conducteurs du bâtiment (poteaux métalliques, cornadis, abreuvoir…).

Installer son bâtiment en zone neutre

Christophe Béalu, technicien à la Chambre d’agriculture, conseille, « au vu des prix des bâtiments et de leur durée de vie », de penser l’installation de son bâtiment avec un géobiologue (agréé de préférence*).
De plus en plus d’éleveurs pensent à la géobiologie en amont de la construction. Le plus important est d’implanter les bâtiments en zone neutre, là où il y a le moins de failles et de cours d’eau. Les bâtiments étant de plus en plus grands, cette zone n’est pas toujours facile à trouver. Il est possible de mettre en place des dispositifs qui vont atténuer ou dévier certaines nuisances, comme des piquets de cuivre ou des blocs de granite. Ceux-ci sont aussi utilisés pour protéger le bâtiment des perturbations extérieures venant d’antennes relais ou d’éoliennes.
« Privilégier un matériau non-conducteur comme le bois pour les charpentes, une terre végétale ou argileuse au lieu d’un sol caillouteux et ne surtout pas combler une mare pour mettre son bâtiment dessus ! », conseille vivement Jean-René Bouchet.
La Chambre d’agriculture organise des formations deux fois par an pour initier les éleveurs aux bases de la géobiologie.

(*) Liste de géobiologues agréés sur le site de la Fédération française de géobiologie ; geobios.com ; prosantel.net

Géobiologie en agriculture

Le guide (très) pratique, de Luc Leroy et Stéphane Demée, aux éditions La France agricole
Technicien agricole de formation, Luc Leroy s’est intéressé à la géobiologie en voyant que les réponses habituelles n’étaient pas suffisantes pour résoudre les problèmes rencontrés par les éleveurs. Il a co-écrit cet ouvrage avec Stéphane Demée, électro-technicien de formation, afin d’offrir des éléments de compréhension sur les phénomènes géobiologiques, enrichis d’une multitude d’exemples issus de leurs vingt ans d’expérience de terrain. Ces bretons espèrent ainsi démocratiser cette pratique afin qu’elle soit à la portée d’un plus grand nombre d’éleveurs.

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