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Syndicalisme
Les chantiers de Patrice Coutin pour l’année 2011

Pour Patrice Coutin, président de la FDSEA, le revenu des agriculteurs deux-sèvriens est loin de refléter la hausse nationale en particulier dans l’élevage. Il s’en explique en ce début d’année, comme sur ses autres priorités.

Pour Patrice Coutin, la filière doit payer 60 centimes d’euros de plus le kilo de viande.
Pour Patrice Coutin, la filière doit payer 60 centimes d’euros de plus le kilo de viande.
© DR

L’année dernière à la même époque, vous estimiez que 2009 était une année à très vite oublier. Diriez-vous la même chose de 2010 ?

Patrice Coutin : J’avais même dit que c’était la pire de ces trente dernières années. 2010 a aussi été une année très difficile notamment pour les éleveurs. Alors quand le ministère annonce une hausse du revenu de 66%, ce chiffre me met hors de moi. Comment peut-on sortir de tels chiffres, quand le nombre d’agriculteurs en difficulté tourne toujours autour de 200 dans le département ? Par ailleurs, la hausse du revenu annoncée comptabilise la décapitalisation de l’outil de production. Ce qui se traduit par un appauvrissement de la ferme deux-sèvrienne.
N’oublions pas aussi la sécheresse l’année dernière, avec les achats de fourrages et donc des besoins de trésorerie supplémentaires. N’oublions pas non plus que sur les cinq dernières années, le revenu agricole a baissé de 15% par rapport aux autres catégories socioprofessionnelles. En Deux-Sèvres enfin, l’expérience montre que l’évolution du revenu est toujours inférieure aux chiffres nationaux.

 

Pourquoi ce décalage de revenu en Deux-Sèvres ?

D’abord parce que l’élevage et en particulier de viande bovine ou de porc sont importants. Ce sont les secteurs les plus en difficulté. Ils sont presque toujours dans la moyenne basse. Et puis parce qu’aujourd’hui les agriculteurs ne peuvent plus comprimer leurs charges et du fait de l’importance des contraintes environnementales. Les distorsions de concurrence intracommunautaires font perdre de la compétitivité à nos exploitations par rapport aux autres pays européens, en particulier en ce qui concerne la main-d’œuvre. En matière d’environnement, en France, on veut plus blanc que blanc.

 

Alors quelles solutions ?

Le revenu des agriculteurs passe par une augmentation du prix à la production. Récupérer de la valeur ajoutée est notre chantier de 2011 pour que les agriculteurs récupèrent de la marge et donc une part de revenu qui leur échappe actuellement. Il s’agit de défendre la place des producteurs dans la filière. Cette filière doit être capable de payer au producteur 60 centimes de plus par kilo de viande, sans augmentation du prix à l’étalage. Il faut en finir avec les prix agricoles qui sont la variable d’ajustement sur le prix final.
Nous attendons beaucoup de l’observatoire des prix et des marges. Si les choses ne bougent pas, le nombre d’agriculteurs va continuer à diminuer et les GMS auront des difficultés à s’approvisionner en produits locaux, ce que demandent les consommateurs. Quand une ferme disparaît, l’élevage est souvent abandonné au profit des cultures… Un revenu et une qualité de vie affichés dans le projet agricole départemental, doivent être en adéquation avec la dimension humaine de nos exploitations.

 

Après l’opération paille de l’été dernier, vous souhaitez aller plus loin en matière de solidarité entre céréaliers et éleveurs ? 

Cette opération de solidarité a permis aux éleveurs de s’approvisionner en paille à un prix correct pour les vendeurs et les acheteurs quand le prix de l’aliment était très élevé. Je rejoins Xavier Beulin, le nouveau président de la FNSEA qui souhaite que l’on réfléchisse rapidement à des contrats entre céréaliers et éleveurs. Je me réjouis des discussions entre Orama et les fabricants d’aliments. Il faut des prix de céréales corrects, plus linéaires. Les fluctuations à la hausse pénalisent les éleveurs. Les céréaliers sont conscients que si les éleveurs perdent du terrain, les céréaliers seront eux aussi pénalisés. D’ailleurs pourquoi ne pas établir des contrats de production sur des zones plus vastes que notre département ?  

 

Autre dossier qui vous attend : la contractualisation. Comment la voyez-vous ?

Il faut impérativement que le producteur s’y retrouve. C’est une question d’équité. Il faut pour cela un équilibre entre volume, prix et durée. En deux mots du gagnant/gagnant.

 

Quelle appréciation portez-vous sur le projet de réforme de la PAC ?

Certains aspects sont rassurants, d’autres le sont moins. Une PAC forte ? Là on est d’accord. L’acte de production est reconnu  comme rôle fondamental de l’agriculture. Ce qui nous paraissait évident, mais qui ne l’était pas pour tout le monde. Le maintien des paiements  aussi est positif.
Mais il y a des insuffisances, comme l’absence de volonté de régulation avec des filets de sécurité. Et aussi une grande inquiétude : la poursuite du verdissement. Les agriculteurs français ont déjà fait beaucoup d’efforts. Ils ont déjà beaucoup donné en matière d’environnement. Une bonne PAC c’est une PAC avec un premier pilier fort.    

       

Sage Sèvre niortaise marais Poitevin : « Un non dans l’intérêt général »

Pour Patrice Coutin, le refus du SAGE Sèvre niortaise marais Poitevin, « n’a pas fait l’effet d’une bombe ». « Des élus ont pris conscience de son impact sur leur territoire, notamment économique », poursuit-il. « Depuis longtemps nous disons que le seuil de 25 mg de nitrates est trop
bas. » Pour Pierre Trouvat, président de la section des irrigants et Philippe Charles, président de l’AIDS, le compromis de gestion de l’eau « acté par la région dans le cadre du Sdage a été complètement ignoré ». Ils expliquent aussi que « les ouvrages déclarés d’utilité publique en 1968 pour retenir l’eau, sont aujourd’hui à détruire pour la continuité écologique » et qu’ « il faut du temps pour adapter l’économie rurale aux enjeux du bassin » alors qu’évolution des pratiques, diminution des prélèvements et engagement dans la MAE désirrigation « sont la preuve d’une volonté d’aboutir à un projet consensuel ».Pour le président de la FDSEA, « l’échec du SAGE aurait pu être évité avec plus de concertation », comme il le revendique d’une façon plus générale, depuis quelques mois pour les dossiers agricoles. Dans la gestion du dossier sécheresse, il parle même de « dérapage » avec l’administration.

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