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Nuisibles : « Je n’ai jamais eu autant de dégâts »

Si seuls le renard et la corneille noire demeurent sur la liste des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » en Deux-Sèvres, c’est en partie parce que les agriculteurs n’ont pas déclaré les dommages. Arnaud Perochon témoigne de ceux qu’il a subis.

Arnaud Perochon, de l’Earl La Coupe, à Clessé, s’est installé en 2010. Il est en bio depuis mai 2019. Il cultive 75 ha de tournesol, de maïs grain et, de triticale et pois, quasiment à parts égales. Il a un atelier volailles : trois bâtiments de 480 m2 chacun. À chaque fin de bande, il vend en direct près de 180 poules.

Ce printemps, il a subi des attaques de corbeaux sur ses semis de maïs et de renards sur ses poules. « J’avais semé le maïs en mai. J’ai resemé en juin, à cause des aléas climatiques. Tout de suite après les semis, 80 à 100 corbeaux sont arrivés pour manger les graines. Ils sont restés deux mois, jusqu’au stade 6 feuilles, quand il leur a été impossible de sortir les plants de terre pour chercher la graine. Ils étaient là tous les jours. Ils ont mangé toutes les graines sur 3 à 4 ha. Le préjudice subi se chiffre à 1 200 € environ et le manque à gagner est de 6 000 €, à peu près, puisque j’aurais fait 50 q/ha à 300 €/t », résume Arnaud, 32 ans.

L’agriculteur a pourtant réagi dès son semis réalisé et les premiers volatiles arrivés. « J’ai tout de suite passé la herse étrille pour effacer les traces de semis parce que le corbeau est intelligent : il suit le rang. Tous les 14 cm, il est capable de trouver la graine. Il peut manger un rang entier. Mais ma ruse n’a pas fonctionné », raconte Arnaud.

Il a aussi installé un canon à gaz et des effaroucheurs, diffusant des bruits de rapaces, notamment. Le jour d’après, déjà, un chasseur était là pour les premiers tirs mais il tue très peu d’oiseaux. « Le lendemain, il y en avait le double ! Je n’avais jamais vu ça. Mon père non plus. Je n’ai jamais eu autant de dégâts. C’est la première fois que mon maïs est détruit par les animaux », assure Arnaud. Les corbeaux ont ravagé sa parcelle de maïs située à l’orée d’un bois de 30 ha allant du lieu-dit Les Grands Villages à la route de Saint-Germain-de-Longue-Chaume. La forêt leur sert de nichoir et de dortoir. « Les hommes ont tiré dans le bourg alors les corbeaux sont venus là », précise Arnaud.

Corbeaux et renards

« J’ai fait ce que j’ai pu, déclare l’agriculteur dépité, la messe est dite, comme diraient les anciens ». Arnaud réfléchit déjà aux moyens de lutte, de répulsion, pour le printemps prochain. « Je fais partie d’un groupe d’essais en bio, avec la Cavac. Un des gars a mélangé du Tabasco avec les graines, avant de semer, parce que les corbeaux n’aiment pas le piment. La technique est efficace jusqu’à ce que ça germe… mais le corbeau est capable d’arracher la graine jusqu’au stade 3 feuilles », explique Arnaud Perochon. Il lui faudra trouver encore d’autres moyens pour faire fuir les volatiles.

« C’est bientôt l’ouverture de la chasse. Je souhaite que les chasseurs régulent ce qu’il y a en trop chez moi. On voit plus d’animaux qu’on en voyait avant. On va se faire envahir par les corbeaux. Du temps de mon père, il se souvient qu’ils restaient trois jours dans les champs… aujourd’hui, on les entend encore, fin août ! », constate Arnaud, qui a signalé les dommages qu’il a subis à la fédération des chasseurs des Deux-Sèvres (FDC 79). Mi-août, il a broyé ce qu’il restait sur son champ pour que les mauvaises herbes ne prennent pas le dessus.

Arnaud Perochon a aussi essuyé une attaque de renards sur ses volailles, au printemps, pour la première fois. « Une trentaine de poules ont été mangées en pleine journée, sur deux jours. J’étais absent car j’ai aussi une entreprise de TP. Je n’ai vu que deux renards en plein jour mais il y en avait sûrement plus », pense Arnaud, qui rentre ses poulets tous les soirs. « J’ai appelé un chasseur, il a piégé… et on n’a rien attrapé, avoue-t-il. J’étais en fin de bande, je n’ai donc plus revu de renards ensuite ». Il va installer des clôtures, bientôt, confie-t-il. Il n’a pas signalé les attaques à la FDC 79 car il n’avait pas connaissance du dispositif pour cette espèce.

En attendant, cet automne, un chasseur de ses connaissances surveille le bois et son exploitation. Une harde de dix sangliers a été observée la nuit, dans la forêt, mais ils n’ont pas causé de dégâts pour l’instant, le stade du maïs n’étant pas assez avancé, justifie Arnaud. Ils pourraient venir plus tard.

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