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Commerce
Quand circuits courts et supermarchés font bon ménage

Deux concepts novateurs de magasins alimentaires ont récemment ouvert en France et brouillent les frontières entre circuits courts et supermarchés. Ces deux mondes, que tout semblait opposer, ont intérêt à se rapprocher, confirment les experts de la distribution alimentaire.

Ces initiatives veulent répondre aux limites actuelles des circuits courts. « De nombreux agriculteurs investissent beaucoup dans du matériel de vente et de livraison. Mais ce métier n’est pas le leur, c’est celui du distributeur qui le fait de façon bien plus efficace », assure Philippe Goetzmann, consultant expert en grande distribution et agroalimentaire.
© DR

Dès l’annonce du nouveau confinement, Système U a invité « tous les producteurs qui voient leurs débouchés s’amoindrir en raison de la fermeture des commerces à prendre attache localement avec les magasins qui demeurent à leur disposition pour étudier les possibilités d’écouler leur marchandise ».

Quelles que soient les intentions précises du distributeur et le caractère inédit de la crise sanitaire, cette démarche incarne bien une tendance qui voit les circuits courts se rapprocher de plus en plus de la grande distribution, et vice versa. D’un côté, les magasins fermiers sont de plus en plus grands. De l’autre, les grandes surfaces cherchent à attirer beaucoup plus franchement qu’avant les produits fermiers. Deux concepts novateurs illustrent parfaitement cette tendance.

Le consommateur n’a pas le temps de faire le tour des fermes alors nous lui apportons de la praticité et un gain de temps

À Noyelles-Godault (Hauts-de-France), la société A2PasD’ici a ouvert un véritable marché fermier en plein de cœur de l’immense magasin Auchan. Dans ce « shop in shop » de 100 m2, les clients trouvent des produits exclusivement issus de circuits courts, approvisionnés par une centaine de producteurs. D’ailleurs, les agriculteurs sont régulièrement en magasin. « Nous voulions développer un magasin de producteurs qui ne soit pas en opposition avec la grande distribution, explique son fondateur Stéphane Darguesse. Le consommateur n’a pas le temps de faire le tour des fermes alors nous lui apportons de la praticité et un gain de temps ».

Pour l’agriculteur, l’intérêt de ce projet est d’accéder au « grand public » qui fréquente chaque semaine les enseignes de la grande distribution. « Le niveau de rémunération est semblable aux circuits courts plus classiques mais derrière, les volumes sont plus importants », vante le dirigeant.

Supermarché fermier au cœur de la capitale

À Paris, un tout nouveau magasin spécialisé dans les circuits courts, Ô Fermier, prend des airs de supermarché. « Avec 1 300 références, nous sommes le plus grand magasin parisien en circuits courts », se félicite Damien Bodard, fondateur du magasin. À titre de comparaison, Lidl propose quelque 1 700 références.

Ici, même constat : il faut offrir en un lieu unique une offre alimentaire complète au consommateur. « En région, il y a plus de points de ventes collectifs mais avec une vingtaine de producteurs regroupés, le consommateur ne peut pas tout trouver », précise-t-il. Alors, l’idée d’un supermarché en circuits courts mais qui ne rime pas toujours avec local – les agrumes viennent d’Italie – a fait son chemin avec un atout pour les producteurs : « Une meilleure rémunération », assure-t-il.

Lire aussiLa ferme en colis pose ses cartons à Magné

Les initiatives foisonnent

Les coopératives, qui par nature fédèrent de nombreux producteurs, ont un réel avantage. Le groupe InVivo a été pionnier en ouvrant dès 2014 son enseigne Frais d’ici. Advitam (coopérative Unéal) dispose de neuf magasins Prise direct’ commercialisant les produits de ses coopérateurs. Les chambres d’agriculture ont également pris ce virage. Le réseau Bienvenue à la ferme porte un projet de magasins franchisés. Vingt-cinq devraient ouvrir d’ici 2021 et une centaine à terme.

En grande distribution, la tendance ne date pas d’hier, rappellent les experts. Et jusqu’ici les volumes sont restés modestes : « Dans la communication des grandes enseignes, les circuits courts prennent de l’ampleur mais dans la réalité beaucoup moins. Les volumes ne sont pas très importants », rappelle Yuna Chiffoleau, chercheuse à l’Inrae.

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