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Réserves ou bien Bassines?
Les divergences entre pro et anti vont jusqu'à la définition du mot transparence

Au lendemain de la diffusion du reportage d’Envoyé spécial sur « la guerre de l’eau », le collectif Bassines non merci s’est introduit dans les locaux de la chambre d’agriculture. « Pacifiquement », insistaient les manifestants, mais bruyamment ont regretté Président et directeur des lieux. Les opposants au projet de réserves de substitution ont demandé de la transparence. Les informations exigées ont déjà été transmises à FNE 17 fin 2018 s’est étonné le président de la Coop de l’eau dans l’après-midi.

Après une matinée de siège, le collectif Bassine Non Merci a accepté de quitter tranquillement les locaux de la chambre d’agriculture aux Ruralies. Les associations militantes sont reparties en fin de matinée sans les informations qui justifiaient leur action ce vendredi 5 mars, journée de session budgétaire pour la chambre consulaire. « Nous voulons le nom des bénéficiaires des bassines et les volumes dont ils disposeront. Cette information devrait être disponible depuis longtemps, elle ne vient pas », clamaient les manifestants dénonçant « l’opacité de la chambre d’agriculture et de la Coop de l’eau » dans un communiqué de presse largement diffusé auprès des salariés présents dans les bureaux de l’institution.

« Nous sommes accusés de non-transparence alors que les détails des volumes prélevés par exploitation entre 1999 et 2016, ainsi que la localisation des différents points de prélèvements, ont été transférés à FNE 17 (Nature environnement 17), à leur demande, fin 2018. Nous savons combien la transparence est nécessaire dans ce dossier », explique Thierry Boudaud.

Toute la matinée, la pression a été mise sur le président Jean-Marc Renaudeau pour obtenir ces informations. « Elles ne sont pas en ma possession. Dans ce dossier, comme dans de nombreux autres, la chambre d’agriculture accompagne. Je transmettrais à la Coop de l’eau et la Préfecture qui décideront de donner suite ou pas ». Les données demandées, poursuit l’élu professionnel « relèvent-elles des données personnelles? Si tel est le cas, si je les avais, je ne suis pas sûr que je les communiquerais. C’est une question de sécurité ». En revanche, poursuivait-il lors d’une conférence de presse improvisée en fin de matinée, « toutes les informations concernant le projet, volumes stockés, nombre d’agriculteurs, période de remplissage… sont dans le protocole. Ce dernier est disponible ».

Vraisemblablement, ce lendemain de diffusion du reportage « d’envoyé spécial » baptisé « la Guerre de l’eau » la discussion semble impossible entre partisans et opposants. Pour autant, Pol Lefebvre, directeur de la chambre d’agriculture, invite à sortir de cette idée « qu’il y aurait sur ce sujet, un bloc contre un autre bloc. Nous sommes dans un contexte où une association (NDLR : un collectif d’associations, Bassines Non Merci) se positionne contre tous les signataires du protocole. Il faut relativiser. Le protocole a été signé par plusieurs associations environnementales qui partagent les effets bénéfiques du projet pour le milieu ».

Contacté dans l’après-midi, Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau, assurait ne pas comprendre les revendications : « Nous sommes accusés de non-transparence alors que les détails des volumes prélevés par exploitation entre 1999 et 2016, ainsi que la localisation des différents points de prélèvements, ont été transférés à FNE 17 (Nature environnement 17), à leur demande, fin 2018. Nous savons combien la transparence est nécessaire dans ce dossier ».

« On a du mal à soutenir le revenu des paysans sur ce territoire et sur l’ensemble du département, on trouve difficilement 20 millions d’euros pour inciter à la production de protéines sur l’ensemble de la France et aujourd’hui on est capable de garantir, pour un faible nombre de paysans, 40 millions de subventions publiques. C’est aberrant », dénonce Benoit Jaunet, porte-parole de la confédération paysanne.

Dans les rangs des opposants, venus chercher plus d’informations ce matin, se trouvaient la CGT et la confédération paysanne. Symboliquement, les manifestants ont annoncé la création d’une chambre d’agriculture citoyenne, invitant tous ceux qui le souhaitent à participer à l’opération transparence sur l’eau. « On a du mal à soutenir le revenu des paysans sur ce territoire et sur l’ensemble du département, on trouve difficilement 20 millions d’euros pour inciter à la production de protéines sur l’ensemble de la France et aujourd’hui on est capable de garantir, pour un faible nombre de paysans, 40 millions de subventions publiques. C’est aberrant », dénonce Benoit Jaunet, porte-parole de la confédération paysanne, élu à la chambre d’agriculture et « contre le projet tel qu’il est construit; non pas contre l’utilisation de l’eau en agriculture », tient-il à préciser.

Le syndicat agricole prône une autre agriculture quand Jean-Marc Renaudeau se félicite de la diversité « des modèles agricoles qui font la richesse et la résilience de l’agriculture en Deux-Sèvres ».

"Toutes les données utiles, dans le respect de la sécurité des personnes et des règles économiques sont disponibles et figurent d’ailleurs dans le dossier d’autorisation », a commenté Emmanuel Aubry préfet des Deux-Sèvres.

Pour le premier, « alors que les paysans travaillent pour une misère, il faut sortir de la production de masse qui par le passé a répondu à une attente sociétale pour aller vers une agriculture qui nourrit son territoire ». Cette priorité respectée, les surplus pourraient alors être exportés. « C’est un choix politique », convient-il conscient des conséquences sur le prix de l’alimentation et la part qu’elle représenterait dans le budget des ménages. « 40%, 50% ? Et pourquoi pas si ça a un impact positif sur l’environnement et la dynamique des territoires », juge-t-il et d’insister, « on aide la production de céréales pour exporter, pourquoi ne pas aider la production de fruits et légumes que l’on consommerait localement ?».

En fin d’après-midi, alors que le calme était revenu dans les locaux de la chambre d’agriculture, Emmanuel Aubry, préfet des Deux-Sèvres, exprimait son soutien au président de la Chambre d’agriculture et de rappeler par communiqué de presse : « que le processus inédit de concertation territoriale qui a abouti à la signature du protocole pour une agriculture durable a ménagé des temps et enceintes de concertation. Les convictions, quelle que soit leur légitimité, sont toujours desservies par des formes d’action violentes et intrusives. Sur le fond, l’exigence de transparence de la démarche des retenues de substitution est naturellement partagée par le préfet. Toutes les données utiles, dans le respect de la sécurité des personnes et des règles économiques sont disponibles et figurent d’ailleurs dans le dossier d’autorisation ».

La chambre d’agriculture a fait savoir dans la journée qu’elle porterait plainte. La Fnsea 79 et les JA 79 ont assuré qu’ils se porteraient partie civile.

Réactions
Jeudi soir, France 2 a diffusé un reportage d'Envoyé Spécial intitulé « La guerre de l'eau ». Ce sujet était consacré aux réserves de substitution d'eau pour l'agriculture. Il s'appuyait notamment sur le projet porté par la Coop de l'eau 79. Dans le cadre de cette émission, dès le mois de septembre dernier, la Coop de l’eau avait répondu favorablement à la demande de la journaliste, Alice Gauvin, en charge du reportage. Les acteurs de la Coop et de la Chambre d'agriculture des Deux-Sèvres s'étaient alors mobilisés pour l'accompagner dans son travail d’enquête, accueillant notamment l'équipe d'Envoyé Spécial pour une journée de tournage avec Thierry Boudaud, président de la Coop de l'eau, entre autres. Après la difusion de ce reportage, qui était très attendue, la Coop de l'eau 79 tient à exprimer son point de vue : « Personnellement, j'ai passé plus de quatre heures avec Alice Gauvin et son équipe, dans les champs, à expliquer les tenants et aboutissants du projet : analyses des hydrogéologues, mise en place d’une gouvernance de l'eau par l'État, développement de la diversité des cultures à valeur augmentée, préservation de la biodiversité, diminution des produits phytosanitaires...  Rien de cela n'est apparu. Par ailleurs, je regrette l’amalgame qui est fait entre des réserves construites en Charente-Maritime et en Deux-Sèvres que l’on voit au début du reportage, l’affaire du lac de Caussade dans le Lot-et-Garonne, et notre projet. Tout ça n’a rien à voir. Je le rappelle, notre projet, soutenu par l’Etat, est totalement légal. Autre point qui nous choque, c’est l’opposition systématique qui est entretenue entre les agriculteurs et les défenseurs de l’environnement. Là encore, je tiens à le rappeler : les agriculteurs vivent au quotidien au contact de la nature et en sont les premiers et farouches défenseurs. Plus que personne, ils sont conscients que l’eau est un bien rare, qu’il faut protéger et partager. Tel est justement l’objectif de notre projet. Notre ligne de conduite a toujours été le dialogue, la transparence et le respect du droit. Elle le restera. » 

 

 

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