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Caprin
Une crise redoutable pour les engraisseurs de chevreaux

Les engraisseurs de chevreaux subissent de lourdes pertes dues à une baisse des prix en pleine période Pascale, pendant laquelle ils assurent habituellement un tiers des ventes annuelles.

La filière d’engraissement des chevreaux du Centre Ouest attend des aides concrètes des pouvoirs publics, et pas seulement des prêts de trésorerie ou des gels de prêts, qui sont des solutions de court terme.
© Anthony Garnier

Les engraisseurs de chevreaux de l’ouest de la France ont tenu à rappeler dans un communiqué du 31 mars que « les volumes de chevreaux abattus pour la période Pascale représentent un tiers des ventes de l’année, assurant ainsi l’équilibre économique annuel des élevages grâce au prix majoré ». En effet, le chevreau est vendu 3,40 €/kg vif pendant cette période, avec des coûts de production en ateliers d’engraissement estimés à 2,90 €/kg. À l’heure actuelle, le prix a chuté à 2,70 €/kg vif, ce qui entraîne des pertes financières conséquentes, menaçant les entreprises.

Anthony Garnier, engraisseur indépendant à Pierrefitte, explique cette baisse du prix par la part importante des volumes abattus qui partent en congélation cette année. En temps normal, la vente des chevreaux se fait en flux tendu à l’approche de Pâques. Les abatteurs ont répercuté sur le prix d’achat le coût de congélation, ainsi que l’incertitude qui pèse sur les ventes en cette période de confinement liée au Covid-19. En effet, ces dernières semaines, très peu de volumes ont été écoulés sur les marchés italiens et portugais, les principaux débouchés de la filière. Le marché français représente seulement 30 % de la consommation de viande de chevreaux engraissés en France.

La filière d’engraissement des chevreaux du Centre Ouest attend des aides concrètes des pouvoirs publics, et pas seulement des prêts de trésorerie ou des gels de prêts, qui sont des solutions de court terme. Pour le moment, aucune annonce officielle n’a été faite.

Le travail continue… à perte

Pour Anthony et Murielle Garnier, qui sont installés depuis une trentaine d’années, cette perte financière pourrait mettre à mal leur exploitation. Avec 15 000 chevreaux vendus à l’année à l’abattoir Loeul et Piriot, la perte sèche est estimée à 37 500 € pour 2020. Ils continuent à collecter les animaux dans les fermes, les abattoirs s’étant engagés à prendre les chevreaux. Les collectes se font de manière groupée pour limiter le risque sanitaire lié au Covid-19, ainsi que les coûts de collecte, étant donné qu’ils travaillent actuellement à perte.

S’ajoute à cette crise une conjoncture difficile depuis une dizaine d’années avec une baisse du prix du chevreau gras, l’augmentation du prix de la poudre de lait, la multiplication par huit du coût de l’équarrissage, l’augmentation globale des charges… « On est obligé de faire du volume pour y arriver », résume Anthony Garnier.

Rendre attractif le produit

L’engraisseur de Pierrefitte espère que cette crise amènera des changements dans la filière. Il estime que les abatteurs se reposent trop sur l’exportation. Afin d’attirer le client français, pour qui la viande de chevreau reste méconnue, il faudrait innover dans la présentation du produit en GMS, un problème déjà mis en évidence avant la crise. « Le demi-chevreau n’est pas attractif, il faut faire des portions plus petites », recommande-t-il.

Aujourd’hui, les grandes surfaces sont fortement incitées à mettre du chevreau dans leur rayon, mais l’acte d’achat relève in fine du consommateur, qui n’a pas l’esprit à des achats festifs. « Dans le contexte actuel, il est difficile d’aller chercher de nouveaux clients », reconnaît Anthony Garnier.

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