Aller au contenu principal

Courrier des Lecteurs : "Le monde agricole saura-t-il être raisonnable ?"

André Puygrenier, paysan retraité à Courcême et ancien président et aujourd'hui membre du collectif Vigilance OGM, nous a envoyé son point de vue sur le dossier du "glyphosate", qui a agité l'actualité ces dernières semaines.

André Puygrenier
André Puygrenier
© La Vie Charentaise

"Au vu des commentaires sur le glyphosate et des arguments utilisés par bon nombre de professionnels ou d'organismes agricoles pour justifier le maintien de son utilisation, il est permis de se poser la question !

Certes, ne possédant pas personnellement les moyens de vérification, notre position est souvent déterminée par l'information à laquelle nous faisons confiance. Beaucoup d'affirmations s'appuient sur des résultats d'études, de sondage où les conflits d'intérêt n'existeraient pas. L'insistance avec laquelle on utilise ce dernier argument finirait même par le rendre suspect…

Mais revenons au problème et sur quelques affirmations :

  • Un certain nombre d'entre-nous, agriculteurs déjà âgés, utilisateurs de pesticides pendant de nombreuses années, se trouvent en bonne santé et tant mieux... ! Remarquons quand même que, durant notre enfance et une bonne partie de notre jeunesse, nous n'avons pas été exposés. De plus, pendant la grossesse de nos mères nous n'avons pas eu à subir cette pollution, avec tout l'effet des perturbateurs endocriniens aujourd'hui connus. Et regardons autour de nous : combien de jeunes retraités partis précocement avec une situation de fin de vie qui interroge le "pourquoi" ? Et questionnons : l'étude ECAN de la MSA les a-t-elle comptés dans ses statistiques ? Sans parler de la résistance de cet organisme à reconnaître le caractère de maladie professionnelle dans de nombreux cas !
  • Que dire aussi de la contestation de l'avis du CIRC (centre international de recherche contre le cancer) ?  Son appréciation « cancérigène probable pour l'homme » donc non prouvé, sert à des commentateurs pour faire douter du risque alors que les essais sur les animaux confirment un risque avéré. De tels essais ne peuvent évidemment pas être conduits sur les humains !
  • Puis vient récemment cette étude sur les agriculteurs américains venant nous révéler la non- différence entre agriculteurs utilisateurs et non utilisateurs. Mais les résultats sont contestés par... le CIRC lui-même.
  • Certains font remarquer qu'il n'y a pas de danger : on ne consomme pas de produits traités puisque le glypho est un désherbant total (sauf les plantes OGM résistantes !)
 Peut-on ignorer la pollution atmosphérique et celle des nappes phréatiques et des rivières avec les difficultés d'éliminer pour l'eau potable les produits de dégradation tels que l'AMPA.
  • Peut-on se passer du glyphosate ? La difficulté est certainement plus économique que technique. Le glyphosate a facilité l'agrandissement des exploitations en réduisant les temps de travaux, et par voie de conséquence, les possibilités d'installation pour d'autres !
 D'autres moyens existent pour détruire les vivaces : moyens mécaniques, choix dans les rotations et en évitant surtout d'utiliser d'autres molécules dangereuses… Quel non-sens pour la vie du sol de voir à l'automne toutes ces étendues de couleur jaune marron. 
Vous me direz : l'agriculture de conservation sera rendue plus compliquée avec la disparition du glyphosate.  Certes, mais la raison est-elle suffisante ?
  • Heureusement des initiatives se prennent : la culture biologique prend de l'ampleur. Les Civam ont publié un document avec 12 propositions concrètes et réalistes.

C'est tout un modèle agricole qui est mis en cause et les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer aussi bien sur la réglementation que sur la mise en place des mesures d'accompagnement.

Plutôt que de retarder l'inéluctable, les organisations agricoles doivent aussi s'atteler à la tâche.
Nicolas Hulot, sous la pression, a accepté de retarder l'interdiction de 3 ans. Ce report est une mauvaise décision. Si une interdiction immédiate est peu réaliste, alors ce délai devrait servir à programmer la diminution par une limitation imposée des volumes commercialisés.

Au nom de l'économie on ne peut pas sacrifier notre santé et celle de nos concitoyens."

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Caracterres.

Les plus lus

Pascal Béhar et Flore Marquis commercialisent leur système sur internet et lors de salons spécialisés.
Faire le plein de bocaux sous vide
Elle cherchait un outil pour conserver les produits alimentaires. Il travaillait dans le monde de la cuisine et a une âme d'…
Vendredi dernier, Hervé Jacquelin constatait que le niveau du Salleron était plutôt haut.
Hmuc : des objectifs inatteignables ?
Si l'étude Hmuc de la Creuse était appliquée, plusieurs rivières de la Vienne auraient déjà été en alerte. C'est le cas du…
Roxane et Abdarrahman Wadih dans le food-truck : "Chez Wadih cheese naan".
Un food-truck aux saveurs indiennes débarque à Barbezieux
Abdarrahman Wadih lance son food-truck de naans, une spécialité de pain indien, à Barbezieux. Ouverture prévue le 13 mai.
Grâce aux parts prises dans la société, l'exploitant percevra des intérêts et dividendes pendant toute la durée de l'engagement, qui court sur 30 ans. Une façon de créer un complément de retraite issu des énergies renouvelables.
Une société pour partager la valeur du photovoltaïque

La Fnsea 79 poursuit son programme d'accompagnement des agriculteurs au photovoltaïque. Une société dédiée est en cours de…

Christophe LIMOGES, élu Président du Syndicat des Laiteries Charentes-Poitou

Mardi 9 avril, le conseil d'administration du Syndicat des laiteries Charentes-Poitou s'est réuni et a…

Jeunes parents, Quentin et Estelle ont une exploitation de 117 ha et un cheptel de 540 moutons qu'ils élèvent selon les critères des cahiers des charges exigeants.
Bressuirais : Estelle et Quentin, jeunes éleveurs très avisés

À 30 et 32 ans, Quentin Ganne et Estelle Rodrigues se sont spécialisés dans l'élevage et la vente d'agneaux Rouge de l'Ouest…

Publicité