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Le marché des biostimulants continue son envol

Le marché des biostimulants affiche cette année encore une croissance à deux chiffres. Zoom sur Gaïago, une société de biotechnologie bretonne, qui a mené un essai à grande échelle ; et sur le semencier Cérience et sa solution pour le semis à la volée.

© Anthony Bruneau

Solution parmi les biosolutions, les biostimulants englobent une catégorie de produits très variés et encore méconnus.

Conçus pour "stimuler les processus de nutrition des cultures", ils promettent notamment de protéger les plantes des stress abiotiques, en particulier hydriques, d'améliorer la structure des sols, d'augmenter le taux de matière organique ou encore de réduire les besoins en azote sans diminuer le rendement.

Un règlement européen les intègre en 2019 à la famille des Matières fertilisantes et supports de culture (MFSC), dessinant une limite claire avec les produits de protection des plantes.

L'entrée en application de cette réglementation s'est faite en 2022, avec les premiers produits de la marque CE sur le marché.

Selon la dernière étude du cabinet Kynetec, spécialisé dans les études de marché en agriculture, le taux d'application des biostimulants entre 2018 et 2022 a progressé de 49,4 %, soit deux fois plus de surfaces ayant reçu au moins un produit en cinq ans.

"Les grandes cultures ont pris le pas sur la viticulture en 2022, représentant 60 % des surfaces en France, et les cultures de printemps ont rattrapé les céréales", a décrit le responsable marketing de Kynetec, Christophe Jounaux, à Référence Agro.

Parmi les effets revendiqués par les firmes, l'optimisation de l'azote et la protection contre le stress abiotique ressortent comme les premières préoccupations, ce qui s'explique facilement dans le contexte inflationniste sur le marché des engrais azotés.

Un biostimulant en enrobage de semence

Depuis trois campagnes, le semencier Cérience, basé à Cissé (86), déploie différentes gammes de biostimulants, en partenariat avec le fabricant Frayssinet. "La demande en engrais d'origine organique plutôt que minérale tire le marché des biostimulants", explique Édouard Varaigne, chef de marché agronomie et solutions chez Cérience.

L'agronome semencier a ciblé une problématique liée à l'implantation des couverts végétaux pour développer une nouvelle technologie d'enrobage : "Les agriculteurs nous ont fait remonter leur manque de temps et leur difficulté à implanter les couverts l'été après la récolte".

L'une des solutions existantes est le semis avant récolte, une pratique encore peu répandue, mais qui suscite un intérêt grandissant : "Aujourd'hui, 2 % des agriculteurs utilisent la technique du semis à la volée sous culture. Demain, ils pourraient être plus de 30 %", rapporte-t-il d'après un questionnaire adressé à des exploitants.

Protéger les auxines

L'équipe de R&D a mis au point l'enrobage S.A.S Fly, qui contient de l'Osyr, un actif développé par Frayssinet.

 "L'Osyr protège les auxines dans les plantes, qui sont les hormones qui assurent la croissance racinaire et qui sont détruites en période de stress. Il stimule l'épaississement des parois et la cicatrisation", décrit Édouard Varaigne. L'enrobage améliore l'effet balistique "jusqu'à 24 mètres" en augmentant le PMG des espèces.

Les essais menés en 2021/2022 dans une culture de blé, huit jours avant la moisson, montrent une amélioration de la levée, un couvert plus homogène et une biomasse plus élevée à 3,7 tonnes de MS/ha, contre 2,9 t MS/ha sans l'enrobage. Le semis classique après récolte peine à atteindre 2 t MS/ha. "On capitalise sur la fraîcheur du sol pendant les mois séchants", souligne le chef de marché.

Cérience a établi un autre partenariat, en 2022, avec la biotech belge Fyteko pour proposer le biostimulant Nurseed HC sur les semences de graminées et légumineuses fourragères.

Gaïago veut "restaurer les sols"

L'entreprise de biotechnologie Gaïago, basée à Saint-Malo (35), a conduit l'opération La Terre par-dessus tout, initiée en 2020, dont elle a dévoilé les résultats de l'étude sur son biostimulant Nutrigéo en septembre 2023. "Nous avons obtenu l'homologation de notre biostimulant qui a été validé par l'Anses", a annoncé Olivier Rodel, le responsable d'équipe produit.

Le Nutrigéo est un prébiotique des sols liquide, composé "d'acides organiques (pour activer les champignons bénéfiques), de polysaccharides (pour nourrir les champignons) et de complexes d'oligo-éléments (pour leur donner des outils de travail)", explicite-t-il.

Un test sur 20 000 ha de surfaces

Conçu pour améliorer la structure globale du sol, Nutrigéo a été testé lors d'une opération d'envergure : 20 000 ha de surfaces dans près de 1 700 fermes, partout en France. Cinq cultures ont fait partie de l'étude : maïs, blé, vigne, pomme de terre et betterave sucrière.

Pour observer les améliorations, l'équipe de Gaïago a choisi des phénomènes empiriques : un coup de bêche dans le sol, passer la terre au tamis, le fameux test du slip (standardisé avec la même matière), l'observation des racines dans une motte... "Nous avons choisi des indicateurs faciles à mettre en place, duplicables, dans un souci de pédagogie auprès des agriculteurs et techniciens afin de les initier simplement à l'analyse de la qualité du sol", relève Cédric Dufour, le responsable des essais agronomiques.

Des effets positifs observables

Les résultats sont là : 88 % d'effets positifs sur au moins un des indicateurs. "La structure est améliorée dans 75 % des cas. On observe une baisse de 37 % des gros agrégats. La matière organique augmente après un an dans 63 % des situations". Les rendements sont en hausse significative pour les cultures de pommes de terre et betteraves, directement impactées par la qualité du sol. "Pour le maïs et le blé, il y a un meilleur rendement quand ce sont à la base des sols hydromorphes".

La solution est appliquée une fois par an, à raison de 40 litres par hectare, pour un coût de 85 €/ha. "Les distributeurs nous ont dit que 2/3 des parcelles suivies ont poursuivi l'utilisation de Nutrigéo", se félicite Olivier Rodel.

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