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Cours et rivières
Le Mignon "à sec", démêler le vrai du faux

La polémique sur le niveau d'eau dans le Mignon agite la presse et les réseaux sociaux depuis quelques jours. Le Mignon est en effet à sec, par endroits, et ce fait n'est pas nouveau, si l'on se réfère à l'histoire locale et la situation hydraulique.

La polémique enfle en cette fin juillet sur le niveau d'eau du Mignon, qui serait " condamné " à cause " des prélèvements pour les irrigants ", selon un communiqué commun à plusieurs associations écologistes. Chaque partie avance ses preuves, par réseaux sociaux interposés, brandissant ici une photo du Mignon à sec, là de la rivière coulant encore.

Il n'est pas évident de démontrer l'état de la rivière par des clichés, celle-ci s'écoulant sur 45 km depuis Dœuil-sur-le-Mignon jusqu'à Mauzé, où elle rejoint le canal du Mignon avant de se jeter dans la Sèvre Niortaise, aux écluses de Bazoin.

Déjà vu

Y a-t-il de l'eau dans le Mignon ? Oui, si l'on regarde le tronçon qui passe sous la départementale D262. Le cours d'eau longe la Scea Le Moulin neuf, où Patrick Raballand, ancien agriculteur, affirme sans hésitation : " Le Mignon ne tarit jamais ici ".

" Quoique [la rivière] tarisse dans les étés secs, elle ne laisse pas d'être considérable l'hiver " (Claude Masse, 1719)

Sous le pont du Dauphin, au centre de Mauzé, la rivière est en revanche à sec, mais la situation serait redondante dans l'histoire locale. Déjà en 1719, le géographe Claude Masse écrivait : " Quoique [la rivière] tarisse dans les étés secs, elle ne laisse pas d'être considérable l'hiver ", comme on peut lire sur un panneau d'information au port de Mauzé. Ou encore " Cette rivière tortueuse souvent tarie l'été dans son cours supérieur en amont de Mauzé ".

Dans l'histoire plus récente, les locaux ne manquent pas d'exemples : " Je me souviens du Mignon à sec à Noël, donc c'est arrivé même en plein hiver, témoigne Jean-Jacques Belot, président de la société mauzéenne d'histoire et généalogie. Ma femme, native de Mauzé, traversait le Mignon à pied tous les étés. Les gens font du vélo dans le Mignon depuis soixante ans "!

Une accusation indirecte des réserves

Le maire de Mauzé-sur-le-Mignon, Philippe Mauffrey, veut pour preuves les vestiges des anciens moulins : " On trouve autour de Mauzé des moulins à eau, mais aussi des moulins à vent. Quand il n'y avait plus d'eau pour actionner la roue, on amenait le grain aux moulins à vent ", explique l'élu, pour qui l'affaire masque une critique des réserves de substitution : " Je suis plutôt favorable aux réserves, tout en restant attentif au respect du protocole. L'agriculture n'est pas intensive ici, contrairement à ce qui se dit. Elle représente en revanche notre principale économie, pour la ville comme pour le département des Deux-Sèvres ".

Philippe Mauffrey craint que l'idée ne fasse son chemin dans la population : " Ce genre de nouvelles fait peur et, même si l'on démontre que c'est faux, elle reste dans l'inconscient. Le Mignon a déjà été à sec avant la construction de la réserve ", insiste-t-il.

Un lit de rivière " perméable "

La gestion du Mignon dépend de l'Institution interdépartementale du bassin de la Sèvre Niortaise (IIBSN). " Nous intervenons en tant que propriétaire et gestionnaire du Domaine Public Fluvial, présente Frédéric Lapuyade, directeur de l'institut. Cette partie concerne le canal du Mignon, qui est régulé par des barrages et biefs. Actuellement, le niveau est inférieur à ce que l'on attend au niveau de la Grève-sur-le-Mignon, une situation très classique à cette période de l'année. La cote est à la hauteur attendue sur les autres biefs ".

La rivière du Mignon, elle, dépend de la topographie du milieu : " Je prends souvent la métaphore de la plage, expose Frédéric Lapuyade. L'eau circule sous le sable et quand on creuse, elle jaillit. Si on creuse le lit d'une rivière assez profondément, l'eau qui était dans la nappe se retrouve en surface ".

Le Mignon a fait l'objet par le passé de recalibrage. " Ces recalibrages ont accentué le caractère perméable du lit de la rivière ". Selon le dénivelé, l'eau coule en surface, comme au niveau du Moulin neuf, ou s'écoule en souterrain, sous Mauzé.


Au titre du schéma d'aménagement et de gestion des eaux, l'IIBSN a fait une cartographie sur la fréquence et l'intensité des assecs par tronçons.
Elle s'étend sur la période de 2011 à 2018.

Un conflit d'usages

Eau potable, biodiversité, pêche, agricultures, batellerie... Les usages de l'eau sont nombreux dans le marais et les enjeux souvent opposés. " Notre rôle est justement d'établir un cadre dans lequel les usages vont être répartis ", souligne Frédéric Lapuyade. L'irrigation agricole en fait partie : " Elle a forcément un impact sur les cours d'eau, on ne peut pas dire le contraire, mais la situation climatique en a un aussi. Le niveau des nappes phréatiques baisse entre juin et octobre, naturellement. Cette baisse peut être accentuée par les prélèvements ou la sécheresse ".

Toute la difficulté consiste à identifier l'origine de la baisse : " On ne peut qu'observer le niveau de la nappe. Des hydrogéologues estiment par des modélisations quel serait le niveau de la nappe sans prélèvements agricoles par exemple, mais on ne peut pas avoir de mesures directes de leur impact ".

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