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Témoignage
Pour Patrice Coutin, il faut une suite au plan Sarkozy

Pour le président de la FDSEA, 2009 a été une année difficile, « à oublier rapidement ». Les quelques victoires syndicales ne doivent pas faire ombrage à des revendications qu’il est urgent de voir aboutir comme celles de prix rémunérateurs.

« Nous maintiendrons pour cela nos positions syndicales sur un système réactif et objectif pour l’évolution des prix », martèle le président de la FDSEA.
« Nous maintiendrons pour cela nos positions syndicales sur un système réactif et objectif pour l’évolution des prix », martèle le président de la FDSEA.
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Bientôt deux ans que vous êtes président de la FDSEA. Comment avez-vous vécu ces quelques mois ?

Nous subissons actuellement une conjoncture très difficile. Mais heureusement, je suis entouré d’une équipe soudée et compétente de cinquante administrateurs qui connaissent bien les dossiers que nous avons à défendre et ils sont nombreux.

2009 est une année à oublier très rapidement pour les agriculteurs, la plus mauvaise de ces trente dernières années, a reconnu le ministre de l’Agriculture. Un chiffre, un seul, résume la situation : la baisse du revenu des agriculteurs de 34%. Du jamais vu ! Malheureusement, comme j’ai souvent eu l’occasion de la dire, on s’y attendait avec les augmentations de charges et les baisses de prix. Le résultat est sans surprise y compris dans son ampleur. Mais il a fallu du temps entre le moment où nous avons commencé à tirer la sonnette d’alarme et les premières réponses à nos demandes. Nous ne gagnons pas à tous les coups, mais signalons par exemple ces derniers jours que sur les BCAE nous avons obtenu la possibilité de retourner les prairies permanentes de plus de cinq ans sous certaines conditions. C’est une sacrée victoire ! De même signalons le retour à l’exonération de la TIPP.

Que diriez-vous du plan Sarkozy ?

Le plan Sarkozy est un premier pas, une bouffée d’oxygène, pour ceux qui peuvent y prétendre. Nous sommes en mesure de confirmer aujourd’hui qu’il faut une suite à ce plan. Les besoins de trésorerie vont apparaître dans quelques semaines avec les achats pour les mises en culture du printemps. Dans l’immédiat, il faut que les agriculteurs qui ne l’auraient pas fait se renseignent pour savoir s’ils peuvent prétendre aux différentes aides. Il est encore temps. 

Vous confirmez que des banques sont frileuses pour prêter ?

Effectivement nous avons eu pas mal de remontées du terrain sur ce point. Nous avons dû intervenir auprès des banques pour clarifier les conditions d’accès à ces aides.

L’année restera marquée par la question du prix du lait… 

Les actions ont commencé fin 2008, dès les premières annonces de la baisse du prix, la FDSEA et les JA ont réagi par des actions qui ont continué tout au long du premier semestre et qui ont abouti, au niveau national à un accord, qui était indispensable. Même s’il est insuffisant, il a permis d’encadrer le niveau de prix et d’obtenir environ 40 euros par tonne de plus que nos voisins de l’Europe du Nord.

Nous avons toujours refusé d’entrer dans la grève des livraisons qui, pour nous, ne pouvait que conduire à la division et à nous affaiblir dans le rapport de force avec les entreprises. La grève du lait a eu des conséquences désastreuses en Allemagne. En France, elle relevait d’un choix économique et éthique de chaque producteur. Ce choix devait être respecté. C’est ce qu’a fait la FDSEA qui ne déroge pas aux discours de vérité. Cette grève, et je le dis sans animosité, n’a pas fait aboutir la revendication de 400 euros la tonne. Elle n’a pas non plus permis de maintenir les quotas. Par contre, nous n’étions pas opposés aux dons de lait. 

Et pour 2010 ?

Les différents acteurs s’attendent à une remontée des cours notamment des produits industriels. On peut espérer une hausse de 3% à 8% selon le mix produits des entreprises début 2010. J’espère que les éleveurs auront des perspectives plus favorables. Nous maintiendrons pour cela nos positions syndicales sur un système réactif et objectif pour l’évolution des prix. 

Un des points forts de 2009, c’est aussi les actions dans les grandes surfaces. Où en est-on ?

Cette année a été dense en activité syndicale, souvenons-nous de la manifestation de Poitiers avec 800 Deux-Sèvriens. Mais l’année a aussi été compliquée : bilan de santé de la PAC, crises multiproductions, directive nitrate.

Le blocage de Super U à Prahecq a mobilisé plus de 1 000 personnes. Cette action et d’autres, commencent à payer, avec le renforcement des brigades de contrôle et l’observatoire sur les prix. La condamnation de neuf  enseignes pour pratiques abusives est le fruit de notre action syndicale. Nous continuons d’ailleurs nos relevés de prix dans les grandes surfaces. Il faut maintenant que la loi de modernisation agricole amende la loi de modernisation de l’économie sur les marges abusives des grandes surfaces. Il est insupportable que les paysans soient la variable d’ajustement au profit d’une minorité d’entreprises.

Quelle est votre position sur la contractualisation ?

Chacun interprète ce mot à sa façon. Pour certains, il y a la crainte d’être pieds et poings liés aux entreprises. En réalité, il s’agit d’obtenir la garantie d’un prix minimum pour le producteur, de sécuriser les marges dans un contrat qui engage de part et d’autre. Nous avons besoin de sécurité, de visibilité et pour cela de prix stables. Il ne faut pas que les producteurs se retrouvent en confrontation directe avec les entreprises. Dans le cadre de la loi de modernisation, nous allons faire du lobbying auprès des parlementaires afin d’obtenir du concret dans ce sens.

La réorientation des soutiens reste un enjeu majeur ?

Effectivement, il y a des perdants avec le bilan de santé de la PAC. La seule solution : des prix rémunérateurs pour tous pour compenser la baisse des aides. Face à des cours mondiaux fluctuants, il nous faut des outils de régulation et de gestion des marchés pour toutes les productions. Aucun plan d’aide ne remplacera une politique de prix. 

Nous sommes en période d’élection à la MSA. Que dites-vous à ceux qui ne voient pas l’intérêt de voter ?

Il faut conserver une protection sociale gérée par les agriculteurs. Toute autre formule coûterait plus cher aux paysans. Pour cela il faut que les agriculteurs et les employeurs se mobilisent pour poster leur bulletin de vote. Une forte participation est gage de reconnaissance et d’autonomie pour ce régime de protection sociale agricole avec des élus de terrain qui agissent sur les aides qu’accorde la MSA, et en particulier celle des Deux-Sèvres, en temps de crise. Sinon c’est Paris qui décidera.

Quel vœu formulez-vous pour les agriculteurs ?

Il est urgent que les paysans retrouvent un revenu décent à la hauteur du travail qu’ils fournissent pour faire vivre leur famille. Cela n’est possible que grâce à une politique de prix. Mais aussi qu’on arrête de rajouter des contraintes administratives.

 


 

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