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Portrait
Roland et sa modestie, toujours prêt à donner un coup de main

Eleveur de parthenaises et de chèvres, il a son franc-parler qui peut fait rire, mais pas toujours. Syndicaliste convaincu, Roland Chollet défend la cause de ses adhérents et de ceux qui lui font appel. Un personnage hors du commun.

« Quand les gens se lèvent pour au mieux ne pas gagner d’argent, il ne faut pas s’étonner qu’ils aillent faire autre chose », déplore Roland Chollet.
« Quand les gens se lèvent pour au mieux ne pas gagner d’argent, il ne faut pas s’étonner qu’ils aillent faire autre chose », déplore Roland Chollet.
© G. R.

« Une journée qui se finit bien, se termine par le jardin. » Comme un rituel, pour Roland Chollet qui finit de biner ses pommes de terre. « J’ai trois variétés, pour ne pas mettre mes œufs dans le même panier », poursuit-il. Un principe qui vaut aussi pour la ferme du Puits, à La Chapelle-Bertrand, qu’il dirige avec son épouse, Bérangère, et leur fils Frédéric.
C’est dans ces terres de Gâtine qu’ils élèvent 90 parthenaises et 450 chèvres. Deux troupeaux inscrits. « Le Label rouge parthenaise doit être le fil conducteur pour tirer les prix vers le haut. Si le prix de carcasse est valorisant, des jeunes s’installeront et l’extension de la race suivra, pas l’inverse », assure Roland.
Mais pour les chèvres, c’est une autre histoire. Ces derniers mois, Frédéric a été de toutes les manifestations. « C’est moins mauvais, mais on attend maintenant une baisse des charges, de l’aliment en particulier. L’augmentation du prix du lait ne suffira pas. Sans amélioration, on n’installera pas et sans installation, la production est morte. »

Le syndicalisme chevillé au corps
Roland est un syndicaliste convaincu. Surtout depuis que son exploitation a trouvé son régime de croisière et que Frédéric est venu rejoindre ses parents. « Quand on est seul on n’a pas le temps de s’occuper de tout ça. » Depuis plus de vingt ans, il est président communal. Sa devise : « Ne pas laisser un adhérent de côté ». Et ils le savent. Les trois quarts des exploitants de la commune paient leur cotisation.
Les trois ou quatre réunions communales par an sont nécessaires pour entretenir les liens. « Je reçois quelquefois des coups de fil le dimanche matin », assure-t-il. « Il faut que les adhérents aient la certitude qu’on est à leur écoute, toujours prendre leurs demandes en considération, donner une suite, même si la réponse est négative. Mais en même temps ne pas faire croire au Père Noël. Parfois, on peut arrondir les angles, sans plus… Le langage de vérité, passe, surtout si je fais comprendre que j’ai le souci de l’équité ».
Tout cela prend du temps. D’autant que Roland est aussi président cantonal. « On ne fait pas que trente-cinq heures », lâche-t-il. De l’organisation, de l’efficacité qui lui valent de donner aussi des coups de main à ses collègues sur les dossiers PAC et autres formalités administratives.
Et puis, - mais il ne le dira pas- , Roland sait se rendre disponible et pas seulement pour les adhérents. Quand on lui a demandé s’il accepterait de recevoir le ministre de l’Agriculture sur sa ferme, il a dit oui, mais il a fixé ses conditions. Ce qui n’était pas du goût de tout le monde. « Je voulais que tous les adhérents de la commune et les voisins soient présents, toutes ces petites mains qui font notre tissu rural si cher au cœur de certains ! » Ce 16 novembre 2012 a été « une Foll journée », plaisante-t-il encore six mois plus tard. « Pas pour l’enjeu que cela représentait, mais pour l’élevage local ! »
« Je n’ai pas été déçu parce que je n’en attendais rien ! », s’amuse-t-il encore. Trois jours avant, à 18 heures, deux silhouettes se fondaient dans la nuit autour des bâtiments. Accompagné, Pierre Lambert, préfet, venait, reconnaître les lieux. « Je lui ai dit comment je voyais les choses. Ca aurait pu durer plus longtemps mais c’était l’heure de la traite. »
La visite du ministre était chronométrée. « Si j’avais pu, je lui aurais dit d’arrêter de marcher sur la tête. Ils veulent nous entraîner sur l’agro-écologie. C’est la décroissance assurée alors que la population mondiale et le chômage augmentent. Si on les écoute, Delphine Batho (*) et les autres, on va pouvoir en licencier des salariés dans les exploitations, en fermer des abattoirs et des laiteries et perdre notre autonomie alimentaire ».
Roland n’est pas naïf sur le pourquoi de la venue de Stéphane Le Foll en terres deux-sévriennes. « Il n’y a que la com’ qui marche. Le travail de fond que nous faisons pour sortir les gens de leurs difficultés, tout ça n’est pas reconnu », regrette-t-il. Un travail de l’ombre, en somme. C’est aussi
« pour rendre service » qu’il a accepté de figurer sur la liste Fnsea 79 et JA pour les élections à la chambre d’agriculture. Mais là aussi, il a fixé ses conditions : « Ne pas être en position éligible ! » Avant de préciser pourquoi : « Il y en a qui sont tellement plus capables que moi !».
Ses responsabilités syndicales conduisent parfois Roland à être médiateur avec un doigté que tout le monde lui reconnaît. Mais aussi parfois avec son franc-parler. « Quand les gens se lèvent pour au mieux ne pas gagner d’argent, il ne faut pas s’étonner qu’ils aillent faire autre chose. Et quand les céréales remplacent les prairies, les vaches ne reviennent jamais ».
Selon Roland, il y a des signes qui ne trompent pas. Comme la réforme de la PAC. « On essaie de nous faire croire que la dernière mouture va favoriser l’élevage... Il faut une véritable politique, ambitieuse, pas des mesurettes, sans quoi il va disparaître. Mais j’espère me tromper ! »        

(*) La rencontre a eu lieu avant le limogeage de la ministre de l’Environnement.

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