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La hausse du prix des céréales est-elle durable ?

Les cours prennent le chemin de la hausse. Les stocks et les perspectives mondiales de récolte poussent à l'optimisme. Réactions.

© S. Lettenberger

La récolte 2018 n'était pas encore toute rentrée, analysée, engrangée dans les silos des organismes stockeurs, que les cours partaient à la hausse. Les courbes se redressaient. Une situation que l'on n'espérait plus, même si certains indicateurs laissaient croire une «éclaircie.» Dans les coopératives de Charente-Maritime, la situation changeante de ces dernières semaines (voir nos pages tendances) laisse dubitatif, au mieux attentif. Sur les marchés physiques, comme sur les marchés à terme, la hausse prévaut. Les premières estimations sur la récolte confirment les premiers chiffres. Le boisseau de blé a terminé à 574,50 cts $ le lundi 6 août. Sur le marché à terme Euronext, le contrat affichait 214,75 EUR/t ce lundi 6 août contre 211 EUR/t le vendredi 3 août et 202,50 EUR/t le lundi 30 juillet...
Cette situation «nouvelle» interroge les directeurs de coopératives, qui tous y voient un bon augure pour les céréaliers du département meurtris par trois années de «vaches maigres» pour cause de prix au plancher. Selon Philippe Ballanger, d'Océalia, l'annonce de la hausse à la fin de moissons a apporté une bouffée d'oxygène dans le moral des céréaliers : «le niveau de rémunérations pour les adhérents est aujourd'hui au-dessus de 10 à 15 % par rapport à l'an dernier.» Alain Thibaut (Coop de Matha) regarde de près les prix du blé tendre augmenter : «il entraîne dans son sillage d'autres céréales, les orges notamment, le maïs aussi. »

Retrouver du plaisir au métier

Les coopératives ont mis en place dans les premières semaines d'août les acomptes. Selon Philippe Ballanger, ces derniers sont fixés à partir d'un observatoire des marchés, dont une partie est constituée par les cours des marchés. «Cette hausse est bienvenue. Dommage que les rendements ne soient pas au rendez-vous.» A la coop de Matha, les acomptes rejoignaient certaines avances de trésorerie pour ceux qui avaient livré avant le 30 juin ou le 15 juillet : «nos acomptes sont une dizaine d'euros au-dessus de la prévision de juin dernier. Les céréaliers en ont besoin. Certaines exploitations étaient mises à mal. La situation autour de Matha est un peu compensée par la présence de la vigne. En 2017, ce secteur a été aussi impacté par le gel . Avec la grêle cette année, le cumul est parfois difficile.» Christian Cordonnier (Coop Terre Atlantique) aspire cette «bouffée d'oxygène» pour les adhérents un peu en suffocation depuis des années : «commence-t-on un nouveau cycle ? il faut l'espérer.» Des dizaines d'euros gagnés en quelques semaines, pour le directeur de Terre Atlantique le marché «reprend des couleurs» : «et c'est tant mieux pour des perspectives de motivation et d'investissements du monde agricole.» Les acomptes de la coop sont aussi à la hausse et un paiement en plus avec le taux de protéines. «Nos acomptes sont presque automatiques, mathématiques avec nos positions prises et protégés. Mais on peut déjà annoncer des compléments de prix conséquents dès le mois de septembre.» Il espère que les agriculteurs investiront dans les engrais de fond et gèreront les aspects agronomiques ou les désherbages. «On pourrait sortir du discours de la production a minima, mais pour cela il faut que cela soit durable. Aujourd'hui, la hausse permet seulement de compenser la baisse de rendements, présents et passés. Ils pourraient arrêter de ponctionner les réserves lorsqu'elles existent et retrouver du plaisir au métier.» Olivier Melun (Coop Tonnay Boutonne), partage ces analyses, «même s'il vaut mieux une hausse violente qu'une baisse violente. Il y a certes un effet de surprise : mais on prend des options. 20 ou 30 EUR de mieux. Cela va consolider les comptes.» Les configurations des marchés se jouent en août.
Jérôme Landriau (Soufflet) regarde la qualité de la récolte 2018 et le lie aux cours actuels  : «ces prix pourraient être durables sur la campagne. Les éléments de qualité sont déjà intégrés dans la commercialisation actuelle.» Éric Guibaud (Coop St Agnant) ajoute  : «la remontée des prix touche les fondamentaux de la production mondiale. Est-on parti pour garder un 200 EUR sur toute la campagne  ?...» Selon Denis Riffaud (Coop de Courçon), «on peut avoir un peu d'espoir sur cette remontée.» Même s'il y avait eu une anticipation. Francis Faure (Coop de Chérac) s'interroge  : «la remontée va-t-elle inciter les producteurs à refaire du blé ? Lorsque l'on a 10 ha de blé et 50 ha de vignes... j'en doute. C'est cette problématique que nous rencontrons sur notre territoire.» Pascal Daleme ajoute  : «personne n'avait prévu cette hausse. Mais c'est temporaire. Il faut marquer la hausse... mais personne ne peut dire comment sera la campagne !» Alain Thibaut (Coop de Matha) est sceptique : «je ne pense pas aujourd'hui que cette hausse soit durable. » Arguant son âge dans la profession, il rappelle les épisodes de 2007-2008, «l'année folle.» Il craint un «flop derrière» Mathieu Guiho (Coop de St Pierre de Juillers) complète : «si cette courbe se maintient sur la campagne, nous reviendrons sur des rémunérations d'agriculteurs intéressantes, au-delà de couvrir leurs simples coûts de production, en dégageant de la marge et en sortant de la tension. 150 EUR rémunéraient à peine.» Le standard serait au-delà de 180EUR/t. «Les céréaliers ont aussi souffert.» Devant les écrans, il scrute les variations. Histoire d'être dans le mouvement.
«Il faut que cela se confirme avec la baisse de la récolte mondiale, car cela jouera sur le stock disponible en fin de campagne» conclut Philippe Ballanger (Océalia), «1 % de variation du stock suffit à faire varier le prix...» Il faut attendre le dernier rapport de l'USDA, ce vendredi.

 

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